Un grand et bel hôtel aux allures lunaires par ses longs couloirs, ses beaux et vastes salons abrite des clients nantis investissant les lieux d'une ambiance compassée à un point qu'ils en deviennent quasi-spectraux ou fantomatiques.
Dans ce cadre lénifiant, un homme aborde une dame, persuadé qu'il l'a rencontrée l'année dernière en ces lieux, ce dont elle ne garde aucun souvenir. Qui invente ou simule ? Où se trouve la vérité de cette éventuelle rencontre et de ce qui s'est passé ou non l'été dernier ? C'est tout le mystère substantiel de cette oeuvre, en sus de celui formel de cet endroit qui ressemble lui-même à un songe.
Ce quasi-scénario déconcerte par sa forme elle-même et permet de découvrir comment s'agence ce type d'écrit. L'histoire nimbée d'une incompréhension déconcerte, l'atmosphère générale faisant écho au fond de l'histoire et au malaise qui nimbe le malentendu, volontaire ou non.
Fortement déconcertante, cette oeuvre fait réfléchir sur le fonctionnement de la mémoire, de la relation à autrui, des processus éventuels de harcèlement et de mépris affiché.
Le film d'Alain Resnais de 1961, avec Delphine Seyrig, retranscrit fort bien l'ambiance générale du livre.
Lu à l'automne 1995, relu pour l'occasion.