L'Année du Lion par Christine Deschamps

Quand on a aimé la Route, Je suis une légende et The Walking Dead (la BD), on va forcément trouver de l'intérêt à cette énième resucée d'un exercice désormais aussi classique que la robinsonnade en son temps. Le postulat de base est désormais un poncif : et si une maladie contagieuse décimait les neuf dixièmes de l'humanité ? Cette fois, c'est en Afrique du Sud qu'un homme et son fils tentent de survivre après la catastrophe. Il faut longtemps pour voir se dégager leur spécificité. Le père rêve de fonder une nouvelle civilisation qui s'appuierait uniquement sur de braves gens. Cette utopie nommée Amanzi lui vole finalement la vedette dans le récit, qui prend de nouvelles dimensions grâce à elle. Mais on pense encore beaucoup à Rick et à ses amis. Pourtant, Willem et Nico Storm finissent par acquérir des spécificités tout à fait propres qui les rendent attachants, et les difficultés de l'adolescence compliquent suffisamment leur relation pour qu'elle nous tienne en haleine jusqu'au bout. Il faut dire que Deon Meyer est malin... il abat dès le départ des cartes essentielles, et on passe les 700 pages suivantes à appréhender l’avènement des catastrophes annoncées d'emblée et à se demander comment elles vont advenir. A moment donné, j'ai dû poser le livre pour m'empêcher de ne lire que la dernière ligne de chaque paragraphe parce que je voulais absolument en arriver de suite au point où la situation se démêlait... bien joué, l'auteur, donc. On se sent entre de bonnes mains du début à la fin : les mains de quelqu'un qui a vraiment quelque chose à dire et qui s'est donné les moyens de le développer de la meilleure façon. Et le dénouement est à la hauteur de cette mise en place si soignée. Dans d'autres récits, les auteurs ont du mal à conclure, mais cette fois, ça tient la route et on referme le roman à la fois satisfait parce que l'histoire est arrivée à un vrai terme mais aussi nourri de conjectures fertiles pour la suite des événements. Et on se rend alors compte que les personnages ont vraiment pris vie, puisqu'on repense à eux et à leur avenir incertain longtemps après la dernière ligne. En prime, leurs aventures, pétries de philosophie et de science, sont l'occasion d'interroger vraiment notre rôle sur cette jolie petite planète. Donc de nourrir nos réflexions politiques et sociales en ces temps troublés, mais fertiles. Voilà donc vraiment un ouvrage divertissant en même temps que recommandable !