Initialement publié en grand format sous le titre La combe aux Loups, L’année où j’ai appris à mentir est un récit d’apprentissage qui plonge le lecteur dans l’Amérique profonde et rurale de 1943. On y suit Annabelle, onze ans (presque douze), jeune fille mature et posée qui découvre le pouvoir des actes et des mots. Victime du harcèlement de Betty, fraîchement arrivée de la ville, elle est confrontée au choix de parler ou se taire, subir ou dénoncer. Lorsqu’une fillette est gravement blessée, Annabelle sait ce qu’elle doit faire…


Lauren Wolk livre un récit profond tracé d’une plume légèrement surannée qui nous plonge directement dans l’époque. Si j’avais crains que le harcèlement ne soit au cœur de l’histoire, je me suis rapidement aperçue qu’il n’était que le point de départ de quelque chose de bien plus fort et bien plus profond. Il s’agit en fait bien plus d’un récit d’apprentissage qui confronte le mensonge à la vérité et fait appel à la force morale et le sens de justice en s’appuyant sur l’adage « l’habit ne fait pas le moine« .


Annabelle est une héroïne comme je les aime en littérature jeunesse. Mature et responsable, elle se développe littéralement sous nos yeux en confrontant la vérité qu’elle connait à la violence du jugement des adultes, juges impartiaux d’une situation d’avantage basé sur des croyances et des préjugés que sur des faits avérés. Sa sincérité lui permet de regarder l’enchainement des évènements avec objectivité.


Son amitié sincère pour le vagabond Toby et la relation particulière qu’elle entretient avec sa mère sont des atouts essentiels dans sa construction. Au cours de cette enquête qui ne manque pas de rebondissements, Annabelle apprend à peser le pour et le contre avant de prendre des décisions dont les conséquences peuvent s’avérer bien lourdes. Le final inévitable laisse un sentiment doux-amer mais fait sens avec l’histoire dans son entier.


L’année où j’ai appris à mentir est un roman d’apprentissage fort qui aborde avec beaucoup de justesse le harcèlement, les traumatismes de guerre et le poids des conséquences. Le cadre rural permet aussi de découvrir le fonctionnement d’une vie en communauté dans l’Amérique des années quarante en valorisant la famille et l’entraide entre voisins.

Ladythat
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le 6 oct. 2023

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