"je crois que tu es peut-être sur le spectre de l'autisme", c'est la phrase qu'une amie de Mélanie lui dit suite à son précédent livre ("nous qui n'existons pas") et qui déclenche tout.
L'année suspendue, c'est l'année pendant laquelle Mélanie va prendre conscience de ce fait, s'écrouler, se remettre en cause, se renseigner d'abord seule sur le sujet, puis entreprendre le long parcours du diagnostic.
C'est l'occasion pour elle de revenir sur de nombreux souvenirs, sur ses comportements, sur son "associalité" (ce n'est pas forcément le bon terme, mais vous voyez l'idée), sur les moments où elle a eu l'impression d'être spectatrice plutôt qu'actrice, de passer à coté d'une vie "normale" (là encore, avec toutes mes réserves personnelles sur ce mot).
C'est beaucoup de doutes, de peur, de bonnes et mauvaises rencontres avec des soignants.
Mais c'est avant tout une franchise, une mise à nu d'un esprit, le témoignage d'un vécu raconté sans fard, qui devrait parler à beaucoup de monde et peut-être aider quelques personnes à mieux aborder le sujet, à ne plus le voir que sous l'angle déformé trop souvent véhiculé.
Au delà du sujet même de l'autisme, l'année suspendue met aussi le doigt sur les relations sociales et leurs difficultés (j'avoue m'être reconnu dans beaucoup des comportements décrits même si je suis incapable de les verbaliser aussi clairement) et permettra peut-être à une partie du lectorat de mieux se comprendre et de progresser comme le fait l'autrice.
Enfin, mais est-ce vraiment la peine de le dire, tout cela est couché sur le papier avec la superbe écriture de l'autrice, transformant ce qui pourrait n'être qu'un constat clinique en un récit qui se lit d'une traite.
L'année suspendue est un récit beau, émouvant, et certainement utile.