Zone 51 ou Pastiche 51 ?

Certes, le dernier Goncourt est très lisible. Il démontre toute la maestria qu'on est en droit d'attendre d'un président de l'Oulipo.

J'ai commencé, comme tout le monde j'imagine, par être happé par ce récit chorale qui joue avec les genres. J'ai commencé, comme tout le monde je suppose, par imaginer quelle formidable série Netflix ce roman français pourrait faire. Cocorico.

Puis progressivement, l'enthousiasme a cédé la place à l'agacement. Trop de superficialité dans le portrait de certains personnages, trop de clichés, trop de blagounettes qui révélaient que l'auteur ne prenait pas vraiment son sujet au sérieux. En fait d'un hommage aux genres, le livre tombe vite dans le pastiche, irrespectueux voire même méprisant.

C'est vraiment dommage. J'attends d'un roman un minimum de sincérité, d'investissement personnel de l'auteur. Ici, Le Tellier ne semble parler vrai que quand il se laisse aller à confesser la misère sexuelle d'un quinqua célibataire et la frustration d'un écrivain sans succès. (Hasard ? Je ne crois pas).

Les pastiches de l'auteur qui étaient un exercice de style distrayant dans feu son émission de radio "les papous dans la tête", peinent à tenir la route dans ce roman de 500 pages. Certes L'Anomalie reste très lisible, mais elle laisse au final l'impression désagréable qu'on s'est un peu légèrement foutu de notre gueule...