Le livre de chevet d'Alain Soral
Ce livre depuis longtemps dans le domaine public vient d'être réédité par Kontre Kulture, assorti d'une couverture aussi provocatrice que totalement hors-de-propos, et complété par un avant-propos d'Alain Soral, que j'admire autant qu'il m'agace. Etant un peu étonné qu'il célèbre ainsi le livre d'un Dreyfusard (et s'en serve comme justificatif à une parole malheureuse prononcée devant les caméras de FR2), je me suis décidé à le lire, mais légalement sur Internet.
Et force est de constater que le tout est plutôt convaincant. Lazare s'efforce, plutôt que de condamner bêtement l'antisémitisme, d'en chercher les causes intrinsèques. Tant il est vrai qu'un phénomène non marginal, apparut à peu près dans tous les lieux où les Juifs ont posés les pieds et à toutes les époques, de l'Antiquité jusqu'à l'époque contemporaine de l'auteur, ne peut pas résulter que d'une bêtise ou d'une incompréhension générale des peuples.
Pour Lazare, la réponse est claire et énoncée dès le premier chapitre : si le Juif fut partout haï, c'est parce qu'il est insociable. Rapidement, parce qu'il refuse de se soumettre aux lois des pays étrangers, parce qu'il place au-dessus les lois divines établies par Iahvé et transmises à Moïse. Dès lors, ils demandèrent, en pays étranger, à être assujetties à leurs propre lois, et non à celles du peuple commun. Je résume parce que j'ai pas que ça à foutre, quitte à passer pour un vieil antisémite dégueulasse.
Le livre reprend et explique tous les clichés relatifs aux Juifs, en ce qui concerne les moeurs ou l'argent. Il classifie les différentes formes d'antisémitisme, en fait un historique précis et érudit.
Mais s'il le justifie, jamais il ne le légitime, et le livre n'est pas critique envers "le Juif" comme si ce personnage ne formait qu'un peu importe le lieu et l'époque (il explique d'ailleurs que les races aryenne et sémitiques ne sont qu'un mythe), mais plutôt envers l'obscurantisme talmudique, et se fait même l'écho d'un certain génie israélite.
La fin est équivoque : Lazare conclut sur la mort programmée et inéluctable de l'antisémitisme, état d'esprit conservateur et réactionnaire.
Je regrette malgré tout un style peu passionnant, que l'on peut incomber à l'âge du livre, et à une construction trop schématique. Le début est à ce titre un peu ardu tant le lecteur croule sur les références érudites. Cela témoigne d'un travail sérieux, pour ma part j'ai failli abandonner la lecture...