Il n'y a pas grand-chose à reprocher à ce tout petit roman (87 pages !) : il est bien écrit, parfois amusant, à la fois léger et intelligent. Par la bouche de Beckett, Martin Page livre des réflexions relativement intouchables sur la littérature, l'écriture, la renommée, la stature de l'écrivain...
Dommage, alors, ce que tout ceci paraisse anecdotique une fois le livre terminé - ce qui ne prend évidemment pas beaucoup de temps. La faute peut-être à un narrateur sans grande consistance, qui sert à peine de faire-valoir à un Beckett 2.0 - c'est-à-dire loin de l'image sévère qu'on a de lui : farceur, fantaisiste voire fantasque (parce qu'il porte des tenues exotiques ou excentriques, joue au bowling et élève des abeilles sur son toit). A part "En attendant Godot", son œuvre reste à distance, hors champ.
La volonté d'originalité est louable, le roman reste malheureusement trop superficiel pour que cela soit marquant. Agréable et plaisant, certes, mais pas plus.