L'appel de Cthulhu est une nouvelle classique dans la bibliographie de notre bon H.P. Lovecraft. Une nouvelle essentielle et fondatrice d'un mythe qui n'a jamais eu autant d’adeptes (bizarre, ça...) et qui est aujourd'hui plus que jamais sujet à adaptations et illustrations.
Et ça tombe bien parce que Baranger a mis tout son art dans cette suite de dessins. Parce qu'au final, il ne s'agit rien de plus que d'accompagner le texte original de planches magnifiques qui ne font que souligner le récit. Et ça fonctionne du tonnerre. Jamais le texte n'a paru aussi clair, jamais la puissance évocatrice n'a été aussi bien retranscrite en image.
Alors bien sûr certains dessins n'apportent rien au récit, mais il s'agit avant tout parce que la narration se contente de situations banales par moment. Mais dès lors que le texte précipite le lecteur dans des descriptions de lieux, de personnes ou d'actions, les planches du dessinateur font leur office avec une puissance digne de l'auteur du texte originel. On en vient à mieux comprendre certaines scènes du récit, certains passages dans lesquels Lovecraft aimait à utiliser des termes aussi vagues que génériques mais qui pouvait manquer de clarté. Ici tout devient plus limpide.
Néanmoins, et tout le talent de Baranger réside à cet endroit, l'utilisation de la suite d'illustrations permet de mettre en lumière, de coucher sur papier, de faire jaillir de l'esprit de l'artiste une vision du texte évocatrice, que seule une succession de peintures permet de traduire. Tels une suite de vitraux dans une église perdue au fond d'une région oubliée, représentant un calvaire bizarre et impie, cette bande dessinée qui n'est ni en bande ni séquentielle, mais plutôt un ensemble de ce que l'on peut trouver de plus beau et de plus fascinant concernant les illustrations des œuvres de Lovecraft.