J'ai découvert l'écrivain Jack London il y a quelques années, en lisant par hasard "Croc-Blanc". L'image professorale que j'avais de lui vola alors en éclat pour me montrer au contraire un personnage fascinant, un auteur à l'univers âpre et sans fioritures, peut-être un des plus importants du nouveau monde avec Mark Twain et John Steinbeck. Je m'étais promis de m'attarder davantage sur son oeuvre, ce qui est aujourd'hui chose faites avec "L'appel de la forêt".
Publié en 1903 et nourri de l'expérience personnelle de London, "L'appel de la forêt" peut être vu comme la face sombre du futur "Croc-Blanc", l'auteur décrivant le retour à l'état sauvage d'une nature domestiquée là où son opus suivant nous narre l'inverse. Au romanesque de "Croc-Blanc", "L'appel de la forêt" préfère un style simple et direct, un récit court s'achevant cependant sur un lyrisme flamboyant.
Sec et violent, "L'appel de la forêt", bien que narré du point de vue d'un animal, permet à London de décrire parfaitement la nature humaine, de confronter le lecteur civilisé à sa nature sauvage qui ne demande qu'à sortir, à son ancêtre et ses instincts primaires trop longtemps enfouis sous une apparence respectable.
Réussissant l'exploit de pousser le lecteur à s'identifier à un chien, "L'appel de la forêt "est un classique indéniable de la littérature américaine, une de ces oeuvres aptes à faire naître des vocations, à vous donner une envie irrésistible de découvrir le vaste monde et de répondre à l'appel de l'aventure.