Jack London virevolte sa plume dans l'air du nord. Écrin magique où naissent rites ancestraux et aventures solitaires. L'Appel de la forêt éclot dans ces contrées du froid, nobles et imperturbables, où le monde n'a que faire des ragots de la civilisation.
Mais ne t'en fais pas. Buck, pisteur formidable, te montrera la voie. Il sera le guide des pages enneigées. Bête majestueuse dominant du garrot les chapitres hostiles à ton chemin. Car la forêt n'a jamais connu plus fort que lui. Elle a pourtant essayé de l'amadouer. Lui ce traître de la vallée chaude, garni de récompenses dans le confort d'une maison. Mais buck apprit vite. Trop vite pour cette vieille dame habituée à surveiller les mêmes habitants de ses saisons. Elle n'a pu qu'admirer sa course facile entre ses arbres et ses ruisseaux, son aisance à traduire les nouveaux signes qui lui barraient la route. Buck empoigna le collet du vent et le plia à sa volonté propre.
Mais cette toute-puissance ne fut pas innée. Crocs et gourdins, brimades et fouets commencèrent à modeler sa ligne racée. Car Il fut embrigadé de force dans la ligne du convoi des chercheurs d'or. Ce fut le temps de longues chevauchées creusées dans la poudreuse. Migrations rectilignes où Buck dissimula son tempérament de feu. Son orgueil en berne, il sut se taire et observer. Le chasseur connaît le rythme du vent et sait quand il tourne pour exposer la proie à sa revanche.
Et lorsqu'il se libéra du carcan de ses contraintes. Le souffle du fond des âges se fit entendre. Buck délivra alors ses traits essentiels. Son âme cloisonnée depuis longtemps, enfouie en lui, put jaillir d'un bond fabuleux. Et son hurlement résonna dans l'écorce et réveilla à tout jamais les fantômes des bêtes sauvages du monde.
L'Appel de la forêt est un chant primitif. Un battement qui tambourine la terre de ses coups immémoriaux. Jack London sait comment parler de la nature. Seule l'extrême dignité de sa langue était à même de délier les secrets de son passé.
Prodigieux.