L’appel du Néant, le dernier bébé de Maxime Chattam, est sortit depuis peu. Ayant décidé de faire preuve de force et de détermination, je suis parvenue à attendre deux semaines pour l’acheter. Et puis une fois sur ma bibliothèque à lire, j’ai tenu trois jours avant de le lire. Que dis-je, de le dévorer !
Parce qu’un Maxime Chattam, qu’on se le dise, ça se dévore. Surtout ses thrillers.
Alors quel genre de tueur en série monstrueux allait nous offre l’auteur cette fois ci ? Cinq, six victimes avant que les enquêteurs ne l’attrapent ? Plus ? Combien de fausses pistes ? Quel degré dans l’horreur des scènes de crime ?
Pour le lecteur habitué aux thrillers de Chattam, le livre commence sans grande surprise. Bon, une peut être, la victime de l’enlèvement d’un tueur que l’on devine bien vicieux (Chattam oblige). Mais grosso modo, nous retrouvons Ludivine Vancker, l’auteur nous emmène sur une scène de crime bien glauque à base de cadavre déposé sur une voie ferrée, les quelques indices amènent rapidement la gendarme à penser qu’il ne s’agit pas d’un simple meurtre atroce, certes, mais isolé. On sent le tueur en série poindre le bout de son nez. Du basique. Toujours efficace chez Chattam, mais basique. La recette d’un bon thriller à venir.
Et même lorsque la DGSI commence à montrer de l’intérêt pour l’enquête, on tente de se persuader que la victime n’est qu’un hasard et que le charmant Marc est surtout là pour la belle Ludivine, bien décidée à s’ouvrir émotionnellement.
Mais alors que les investigations progressent (et semblent confirmer que notre tentation était la bonne), Chattam s’éloigne gentiment mais surement de ses thrillers habituels.
J’admets conserver quelques doutes sur la psychologie du tueur responsable des premiers meurtres (son changement de cible et les raisons l’expliquant me laissent quand même un peu perplexe), et j’avoue aussi être peu intéressée par les enquêtes terroristes. Pourtant, avec son Appel du néant, Chattam a réussit à me scotcher à son bouquin et à son histoire. Les rebondissements sont nombreux et avec le passif de l’auteur (qui n’a pas peur d’amocher -voire même de tuer- ses personnages principaux) le lecteur se retrouve bringuebalé dans une enquête pleine de surprises, de frissons, d’angoisses et d’espoirs. Avec ce thriller, le lecteur n’a aucune certitude quant à l’avenir des personnages auxquels il s’attache pourtant à mesure que les pages se tournent et le suspens ne s’en voit qu’augmenter (évidemment quand on sait qu’un auteur ne tuera pas ses héros, comment réellement craindre pour leur peau ?).
Le rythme est soutenu, le suspens au rendez-vous et comme à chaque fois l’auteur sait jouer de ses connaissances de la réalité pour nous plonger dans un environnement tellement réaliste que l’horreur qui s’y trouve en est, elle aussi teintée de réalisme. L’une des clés principales pour créer un roman qui prenne ses lecteurs aux tripes.
Ce thriller, considérant les sujets qu’il traite, n’a pas été évident à sortir pour l’auteur qui s‘y est prit à trois reprises pour nous offrir la version que nous avons actuellement. Et dans le contexte actuel, la chose est compréhensible.
La note de l’auteur, en postface, explique et légitime parfaitement certains choix opérés par Chattam, choix qui peuvent étonner durant la lecture, mais permettent de semer le doute dans l’esprit des fans de l’écrivain tout en apportant une touche d’humanité fort bien sentie à notre époque.
Bien qu’il s’éloigne quelque peu de sa zone de confort habituelle, Chattam nous offre ici un thriller difficile à lâcher qui conduira le lecteur dans une enquête forte, pleine de suspens et d’émotions fortes. De quoi ne plus regarder les oeufs Kinder ou les téléphones portables du même oeil… Quelques légers petits défauts ici ou là (à peine notable, le plus grand étant celui dont j'ai parlé plus haut), mais globalement, un thriller à ne pas bouder.