Je dois déjà dire que l’Arbre-Monde a une structure remarquable.Richard Powers nous présente tous les protagonistes de son histoire dans une première partie déjà très fournie. J’avoue une préférence dès le départ pour les destinées de Nicholas Hoel, Mimi Ha et Patricia Westerford à partir desquels l’écrivain bâtira des passerelles narratives consistantes. Lorsque Richard Powers décide de développer son récit en arborescence, en faisant se croiser plusieurs personnages, j’avoue que j’ai trouvé l’entreprise à la fois culottée et casse-gueule. Plusieurs fois en tant que lecteur, je trouve que faire partir l’histoire dans plusieurs directions plus ou moins habiles pour déboucher sur un activisme écologique par la connaissance ( via la botaniste Pat Westerford) ou par l’action radicale ( avec cinq personnages réunis par un destin assez gros comme une maison).Au bout du compte, certaines personnalités secondaires ( ceux du couple Brinkman et de Neelay, le jeune créateur de jeux) seront relégués car leurs consciences écologiques n’ont rien à voir avec une implication militante mais plutôt une connexion assez instinctive, ce qui se respecte aussi.Ce récit choral n’est pas un procédé permettant de déboucher sur une focale claire.A mon sens, Richard Powers voulait faire comprendre que les hommes ne connaissaient pas assez les arbres, leur caractère indispensable à l’écosystème mais aussi la découverte d’une communication subtile entre eux. La bande des cinq activistes, aux destins plus ou moins funestes, qui aurait dû attester d’un éveil de conscience humain sur la condition des arbres, finit par échouer. Ce qui est terrible car l’écrivain aurait dû insuffler un message plus fort et plus optimiste en disant que certains défenseurs des arbres récoltaient quelques victoires pour avancer sur le terrain de la préservation ( au delà des actions artistiques isolées de Nick Hoel).Finalement, une structure narrative et son message n’entrent pas vraiment dans une cohésion qu’on pouvait raisonnablement espérer. L’appréciation globale de l’Arbre-monde s’en trouve affectée car forme et fond sont à des lisières de résonances l’un de l’autre.Et l’expérience de lecture s’en ressent pas aboutie, à regrets.