Dans L'archipel du chien, une voix s'élève et s'adresse au lecteur. Elle lui présente la situation, sans jugement, sans commentaire, l'effet n'en est que plus féroce. Cette voix a résonné en moi comme un écho. L'auteur est ici le haut-parleur de mille et une questions, de mille et une vérités qui gravitent autour de nous, mais que personne n'ose ni penser, ni poser.
L'histoire commence à peine qu'on est capté tout entier par le récit. Pas d'efforts à faire pour se concentrer, l'esprit est complètement captivé par les mots. Ils sont nombreux ces livres dont on dit "Il mérite d'être lu d'une traite". Ils sont peu ce qu'ils le sont vraiment. L'archipel du chien en est un ! Comment s'arrêter sans avoir le fin mot de l'histoire ? Sans savoir jusqu'où l'homme est disposé à aller pour protéger ses intérêts .
Ce roman c'est une démonstration fine est féroce du processus que certains appliquent pour déshumaniser les migrants, ce refus de dignité qu'il est fait mourir une deuxième fois. Il aborde à merveille la prise de recul pour se déculpabiliser ; cette conscience avec laquelle on s'accommode ; ce sacrifice de l'individu pour le groupe. Ce roman fait mal à l'Homme. Il met en lumière sa vérité, sans jugement, sans commentaire.