Premier livre de Zola que j'ai pu lire, il est celui qui m'a donné envie de lire la suite des Rougon-Macquart. En effet, L'Argent est le 18ème roman de cette fresque caractéristique du Second Empire; période où la France en pleine essor industriel voit son économie, sa société et ses mœurs changées.
Dans ce livre, c'est le monde de la finance qui nous est présenté à travers les yeux d'Aristide Saccard, personnage récurent de la série que l'on retrouve dans La Curée, et de madame Caroline dont je reviendrai dessus ultérieurement.
Ayant perdu tout ce qu'il avait pu gagné auparavant, Saccard n'en reste pas moins toujours avide de richesses et de pouvoirs. C'est avec cette ambition démesurée que page après page, rencontre après rencontre, son entreprise d'une Banque Universelle afin de financer des projets au Proche-Orient va prendre forme et lui permettre de monter toujours plus haut sur l'échèle sociale parisienne. Cependant, cela ne se fait pas sans magouilles, fausses promesses, scandales et bien d'autres choses ! Homme séducteur, intelligent, envieux et parfois insaisissable, Saccard est le personnage qui par ces actions fait avancer l'histoire.
Madame Caroline, quant à elle, est, je pense, dans cette œuvre le regard extérieur sur l'évolution des évènements. D'abord admirative et confiante en Saccard et dans son projet, elle en vient au fil du roman à voir la vraie facette de sa personnalité à force de le côtoyer et de découvrir son passé tumultueux...
A travers les chapitres, entre le faste mondain impérial, la course spéculative à la bourse, ainsi que par l'extrême précarité de certains quartiers pauvres, l'auteur dresse à partir de ses recherches documentaires et de son expérience du terrain une description saisissante du Paris d'antan.
De plus, ce roman témoigne des mentalités et courants de pensée qui émergeaient tels que les premières théories socialistes que le personnage chétif Sigismond défend ; ainsi que par l'antisémitisme caractérisé par la rivalité exacerbée entre le combat mené par Saccard et le banquier Gundermann.
Ce que j'admire chez Zola, c'est le fatalisme, la déchéance qui s'abat sur les personnages alors qu'ils touchaient enfin à leur but ultime. Fatalisme faisant écho à l'hérédité et à l'origine social montrant le style naturaliste de l'auteur. C'est ce qui rend ce roman passionnant. Puisque toutes personnes ayant approchées de pré ou de loin Saccard sont impactées différemment par les évènements. Par ailleurs, certaines scènes méritent qu'on s'y attarde comme celles des spéculations faîtes à la Bourse puisque leur description est semblable à des scènes de batailles !
En définitif, ce roman m'a marqué par son style mais aussi pour sa critique toujours d'actualité : celle du profit à tout pris que Zola résume en ces termes:
"Dans ces batailles de l'argent, sourdes et lâches, où l'on éventre les faibles, sans bruit, il n'y a plus de liens, plus de parenté, plus d'amitié: c'est l'atroce loi des forts, ceux qui mangent pour ne pas être mangés."