Bonjour à tous,
" L' ’argent est le fumier dans lequel pousse l’humanité de demain. Le terreau nécessaire aux grands travaux qui facilitent l’existence. "
Aujourd’hui je m' attaque à ce livre car il m' a redonné de l' intérêt pour son auteur qui m' ennuyait particulièrement, pour plusieurs raisons. Mais l' une des principales est son écriture que je trouve horripilante de lourdeur symbolique, et concrète. Par exemple, en témoigne la fin de Nana, qui est à mon sens très facile, et non dénuée de lourde symbolique. J' aime beaucoup ce livre mais la fin est à la fois réussi par certains aspects ( les personnages autour de Nana qui discutent encore de politique alors que la guerre s' amène ) et lourde car Nana représentant la fin ploutocratique et corrompue du second empire, la description finale et la scène qui suit ( où l' on ne découvre son visage qu' à la toute fin ) sont assez appuyées à mon goût.
Mais passons au livre qui nous occupe ! Dans ce roman, le style ne m' a pas choqué, outre mesure. J' y ai même pris du plaisir ! C' est à souligner, venant d' un auteur que je n' apprécie pas, comme je viens de le dire.
L'argent... tiens, tiens, ça me dit quelque chose en ce moment... Un peu comme si une frénésie d'argent s'emparait de tout et de tout le monde avec des airs de jouer au ballon... Mais non, j'ai dû me tromper de sujet, il n'y a aucun rapport entre le sport et l'argent... Les joueurs ne sont pas une marchandise cotée en bourse... euh...
L'Argent, oui, nous y sommes en plein, L'Argent, un des plus magnifiques livres des Rougon-Macquart, selon moi, où l'on suivra cette fois Aristide Rougon, le frère du ministre, nommé Saccard, qu'on avait déjà vu à l'oeuvre dans La Curée, livre auquel je vous renvoie pour comprendre les raisons de ce changement de nom.
Ici seront moins détaillés les vices et les dérives du luxe comme dans La Curée (ou Nana) et l'angle de vue sera davantage focalisé sur les mécanismes financiers, un peu à la manière d'Au Bonheur Des Dames qui détaillait quant à lui la mécanique marchande.
Nous retrouvons Aristide, quelques années après ses déboires de la fin de la Curée, en pleine forme, as de la finance, mais emporté comme toujours par son euphorie du jeu et de l'argent facile sur un coup de dé. Il est sujet, dans sa frénésie du gain, à la perte totale de contrôle, quitte à faire tomber tout le monde dans son sillage. Cela ne vous rappelle pas certaines affaires récentes ou moins récentes et un certain Jérôme Kerviel (et tellement, tellement d'autres) ?
Dans ses tractations, le délit d'initié est roi. Cela ne vous rappelle pas l'affaire EADS (entre autres) ou plus anciennement Pechiney et son lien avec le pouvoir de l'époque (Mitterand). Ici, c'est Huret, l'homme de main du ministre et frère de Saccard (voir le n°6 Son Excellence Eugène Rougon).
Mais aujourd'hui il n'y a plus rien à craindre de ce genre puisqu'il n'y a plus aucun lien entre les hommes de pouvoirs et de finance (aucune élection qui soit pilotée, aux USA ou ailleurs, par des gros financiers, même pas un petit Sarkozy qu'on essaierait de caser, même pas le frère de l'ancien président à un poste important au MEDEF, rien, tout ça c'est du passé, maintenant tout est propre, à gauche comme à droite, l'intégrité fait loi !).
Bref, on est surpris de voir à quel point rien n'a changé, à quel point la finance était, est et restera une gigantesque magouille légale, qui fait ce qu'elle veut, et qui dicte aux politiques leur marche à suivre.
Saccard me fait penser à Jean-Marie Messier, génial tant qu'il gagnait, bon à jeter aux cochons quand l'empire s'écroula. Tous les rats de la bourse quittent évidemment le navire au premier tangage et seuls restent sur le carreau les petits actionnaires qui ont toujours une guerre de retard car ils ne jouent pas dans la même cour. Je le dis à tout hasard mais ça ne vous rappelle pas un scénario de 2008 ?
Le texte de Zola est extrêmement documentaire et décrit quasi intégralement le scandale de la banque Union Générale en 1882, désignée dans le roman sous le nom L'Universelle. Gundermann est le financier juif concurrent du fervent catholique et monarchiste Saccard. On reconnaît sans peine le portrait de James de Rothschild sous Gundermann et de Paul Eugène Bontoux sous Saccard même si historiquement, les deux hommes ne se sont jamais affrontés car James de Rothschild est mort avant même la création de la banque de Bontoux.
Autre personnage étrange du roman, Sigismond, le frère chétif du plus abject charognard du roman, communiste convaincu auquel Zola fait dire des tirades pleines d'utopie et qui annoncent déjà en quoi le communisme était voué à l'échec avant même d'avoir vu le jour.
C'est donc un chef-d'oeuvre visionnaire que vous avez là sous les yeux, un quasi essai, un texte, à beaucoup d'égards, plus journalistique et documentaire que romanesque. À lire absolument si l'on souhaite ouvrir un peu son regard sur la manière dont fonctionne le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. Un monde qui, je crois, répond plus que jamais à cette description — cruellement réaliste —, mais ce n'est là que mon avis, à ne pas prendre pour argent comptant, c'est-à-dire, pas grand-chose....
Antépénultième oeuvre des Rougon-Macquart, L'Argent (1891) est un des romans les plus étonnants de la série. On sait que le sujet traite de la spéculation boursière et qu'il s'agit d'une peinture, à peine dissimulée, du krach de 1882 de l'Union générale, la grande banque catholique des débuts de la IIIè République. On retrouve ici Aristide Saccart, né Rougon, qui, après avoir été un petit plumitif de province (La fortune des Rougon) et réussi dans l'immobilier à Paris (La Curée), invente une banque universelle destinée à financer des projets pharaoniques au Moyen-Orient (réseau de ports en eau profonde, chemins de fer reliant Istanbul à Bagdad, mines de fer en Palestine). Moitié filou, moitié visionnaire, il draine l'épargne des bons catholiques qui s'imaginent placer leurs bas de laine dans une nouvelle croisade mais, terrassé d'orgueil, multiplie les manœuvres pour accroître le cours de ses actions jusqu'à leur chute finale. Zola a admis avoir eu les pires peines du monde à écrire ce roman, submergé qu'il était par une documentation financière qu'il ne maîtrisait qu'à moitié. Il a néanmoins dressé un tableau saisissant de la folie spéculative et de la lutte que se livrent les financiers de haut vol pour tondre les petits épargnants. Le roman cède à certains travers zoliens : le dualisme (le boursicoteur haussier est toujours accompagné de son confrère baissier ; le discours de l'argent du capitaliste Saccart s'oppose au communiste Sigismond ; la banque juive à la banque catholique), le déterminisme (la ruine de la famille aristocrate des Beauvilliers, auxquels la faillite achèvera de conférer le caractère de « fin de race » que Zola ne cesse de lire sur les traits de leur dernière jeune fille), un goût prononcé pour les caractères rongés par la méchanceté (il y a ici des traits quasiment dickensiens chez les recouvreurs de dette Busch et Méchain ou chez le rejeton caché de Saccart, le monstre Victor). Néanmoins, la folie spéculative que font naître et croître les espoirs de richesse, le mythe de l'argent comme fluide vital indispensable à la société et à son développement ont rarement été aussi justement représentés. On ne peut s'empêcher de penser aux récents krachs de l'immobilier (1991) ou de la net-économie (2001). Tout était déjà dit et écrit il y a un siècle.
Ce livre puissant, dont l’histoire se déroule au moment de l’Exposition universelle de 1867, fait revivre sous nos yeux le Palais Brongniart (non seulement à la corbeille mais aussi à la coulisse et aux « pieds humides »), tel qu’il existait au milieu du Second empire, où la Bourse ne cotait qu’entre une heure et trois heures, selon un mode de fonctionnement (liquidation mensuelle, opérations à découvert et reports) qui perdurera jusqu’en 1986.
« C’est un vrai bois que la Bourse, un bois par une nuit obscure, où chacun marche à tâtons. »
D’un intérêt documentaire évident, et nourri d’une solide information technique, L’Argent désigne l’information financière comme le lieu de toutes les manipulations, et campe avec vivacité des personnages — haussiers et baissiers — que l’on croirait rencontrer aujourd’hui, dans les bureaux des agents de change ou à l’heure du déjeuner.
Le violent contraste entre le luxe le plus éclatant et la misère la plus sordide alimente la tension dramatique du roman, où l’argent s'avère une force aveugle, potentiellement destructrice, mortifère.
On ne manquera pas d’être étonné par la virulence des propos antisémites prêtés par l’auteur à certains de ses personnages, quand ils ne sont pas tenus à son propre compte, et ceci bien au-delà semble-t-il d’un simple antisémitisme d’époque.
Pour écrire son livre, Zola s’est inspiré des nombreux scandales financiers de l’époque, comme je l' ai dis. L’histoire de l’union générale qui fut ruinée par la spéculation des Rotschild est très proche de celle du livre, la banque universelle.
Même si, à l’époque, les lois et les moyens de contrôle étaient beaucoup moins important qu’aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec la situation actuelle dont la crise des subprimes n’est qu’une partie visible.
L’histoire raconte en somme, comment un homme a réussi à récolter de l’argent pour monter une banque et à usé de tous les moyens pour en faire monter le cours en bourse… jusqu’à l’explosion.
Aristide Rougon dit Saccard est le personnage principal du livre. C’est lui qui soulèvera les montagnes et mettra tout en place pour réaliser son rêve : monter sa propre banque.
Le livre décrit de manière précise et saisissante le comportement des gens. Ceux-là qui avaient travaillé toute leur vie pour obtenir un petit pécule pour en tirer un revenu de retraite et qui l’ont entièrement misé en achetant les actions de la Banque Universelle et qui finirent par tout perdre.
Dans ce roman, un autre point frappant concerne la description de la prise de contrôle des principaux journaux financiers. Au début, la main est mise sur un petit journal destiné à écrire des articles élogieux sur la banque, puis le succès et l’argent arrivant ils mettent la main sur un journal ancien et réputé. Ils détiennent ainsi des relais pour diffuser de l’information allant en leur faveur.... Édifiant non ?
L'Argent d'Emile Zola est l'un de ses plus grands romans de la série des Rougon-Macquart. On suit un jeune homme qui va devenir agent de change et qui va faire fortune en Bourse grâce à la bulle des chemins de fer et des banques. Un livre qui est encore d'actualité aujourd'hui avec l'affaire Kerviel et la Société Générale. L'intelligence absolue de Zola est, dans ce livre, à son apogée. Un trésor !
Sur ce, portez vous bien. Lisez ce livre, et votre monde s' élargira de lui-même.... Continuez à lire. La lecture est la grappe de la vigne du monde ! Tcho. @ +.