Cultiver sa stratégie pour le meilleur des champs de bataille possible

Alors, "L"Art de la guerre", traité multi-millénaire portant sur la stratégie militaire, rédigé par le mythique Sun Tzu (à peu près aussi historiquement palpable qu'un Homère), se révèle être une lecture légère, parfois barbante mais en aucun cas un pensum qu'on se sera farci afin de pouvoir dire "je l'ai lu".

Ensuite, tout le fatras autour de la portée ô combien moderne de l'ouvrage, tellement bien adaptée au monde l'entreprise, des relations humaines en général et tout le tintouin, ce paratexte nébuleux gravitant autour du texte, mettez le de côté, oubliez. "L'Art de la guerre", ça parle de la guerre. Comment, pourquoi, dans quelles circonstances, avec quels moyens. Sun Tzu, quoique friand de métaphores pour illustrer son propos reste prosaïque dans ses conseils. Les carquois doivent être garnis de flèches bien droites, le terrain du champ de bataille doit être étudié en amont de l'affrontement, etc.

La lecture acquiert une texture bien plus prenante quand Sun Tzu aborde le statut du chef de guerre, son rôle, le symbole qu'il doit être pour ses troupes, la bienveillance jugulée par l'ordre qu'il doit incarner. Fascinant également ce passage sur les courtisanes à employer pour faire fléchir le plan d'un suzerain menant un général, aussi bon soit-il, dans un inextricable guêpier. Sun Tzu sait être passionnant quand il détricote tous les fils reliés aux multiples leviers gravitant avant, pendant et après la bataille, dont on doit avoir conscience et qu'on se doit d'influencer si possible.

Si possible... C'est bien le problème avec "L'Art de la guerre". Ce traité assure la victoire à celui qui l'applique dans le cas où tout se déroule sans le moindre accroc dans un environnement harmonieux. De fait, le général doit tendre vers cet environnement idéal, mais fatalement, le glorieux engrenage expliqué par Sun Tzu sera gavé de grain de sables, de cailloux, de rocs bien embêtants.

Finalement, "L'Art de la guerre" me rappelle un peu Leibniz version stratège. Faire de son mieux sur le champ de bataille suffira peut être quand on a la meilleure intention du monde, armé de bonnes idées. Mais bon, quand tu rates ta frappe chirurgicale en détruisant une école à la place d'un entrepôt de munitions, va donc te concilier l'affection de ces "sujets de de demain" par la suite. Et puis quand il n'y a plus de branches droites à cause du déboisement, les archers auront fatalement des flèches tordues.

Bref, le vrai message moderne de "L'art de la guerre", quoiqu'un implicite, est le suivant. Quand l'environnement part en quenouille, restez zen.
Hypérion
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le 3 août 2013

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Hypérion

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