Enfin, après 6 tomes de Rougon Macquart remplis de crapules, Zola me fournit des personnages que je peux apprécier.
Gervaise est pleine de bonne volonté, et même si son entourage tente de la couler, elle fait front de belle manière. Et elle n'est pas seule, le forgeron et quelques voisins sont enfin autre chose que des profiteurs sans vergogne. Bon je vous rassure il y'a un bon lot de sans race aussi.
Hélas, triple hélas (pour les protagonistes), ce livre est entièrement dédié au monde ouvrier et on est clairement pas là pour rigoler, les bons et les méchants vont tous morfler. La misère, et l'alcoolisme s'entretenant entre eux, font des ravages et n’épargneront pas grand monde.
Profitant de pouvant faire dire à peu près tout à ces héros issus des classes populaires, Emile se lâche et on a le droit a un festival de bon mot. Malgré son titre repoussoir, cet Assommoir m'a tenu en haleine du début à la fin, tout au long du destin chaotique de notre blanchisseuse. Le naturalisme cher à Zola trouve ici un parfait équilibre avec les dialogues et l'intrigue menée tambour battant, on ne s'ennuie pas un moment à suivre ces gueules cassées et assoiffées, qui pourtant ne s'éloigne jamais bien loin du bar à vin du coin. Zola y décrit les méfaits de l’alcoolisme qui peut aussi bien conduire à la misère que l'inverse, réussissant à faire passer des scènes très dures grace à la gouaille de ses personnages. On ressent aussi enfin une petite compassion pour la condition féminine vivant sous le joug / la dépendance de leur mari.
Premier succès de publication pour Emile Zola, pas volé du tout.