Comment imaginer que sa chère et tendre puisse être une terroriste ?
L'auteur se place dans la peau d'Amine, un Arabe qui a gravi les échelons de la société israélienne jusqu'à devenir chirurgien. Il mène désormais une vie heureuse et confortable. Tout bascule quand sa femme meurt dans un attentat-suicide. Très vite, la rumeur s'emballe : ce serait elle qui aurait déclenché la bombe. Pour Amine, la colère supplante alors le chagrin. Il décide de mener l'enquête seul pour faire éclater la vérité.
Yasmina Khadra décrit avec beaucoup de minutie (d'empathie ?) les états d'âme de son personnage, ses incompréhensions, ses angoisses... Pour lui, tout s'effondre du jour au lendemain. Les gens se mettent à le haïr et lui-même tourne le dos à ses amis qui tentent de l'aider. Persuadé de connaître sa femme sur le bout de doigts, il ne peut accepter la possibilité qu'elle soit membre d'un quelconque groupe islamiste.
Même si l'on devine que l'auteur désapprouve les kamikazes sacrifiés au nom d'une cause supérieure, il avance en fin d'ouvrage un certain nombre d'arguments expliquant ces comportements au travers de personnages particulièrement touchants. C'est une des grandes forces de ce bouquin qui ne se contente pas de dénoncer mais qui cherche bel et bien à comprendre ce qui poussent certains Palestiniens vers le martyre.
Si l'ensemble se lit fluidement, l'auteur a tendance à abuser de métaphores littéraires qui relèvent de l'emphase et qui alourdissent la narration. Pas de panique, la puissance de frappe du roman nous fait pardonner ce bémol...