Ca doit être une constance dans la vie, si t'as des goûts de chiottes en musique, tu aime Salinger. Ca doit expliquer pourquoi Indochine, Cali, Benjamin Biolay, Offsprings ou My Chemical Romances ont tous fait une référence à ce livre dans une de leur chanson. (Tandis que les Beatles, jamais.) Et puis, c'est dingue le nombres de gens ayant dit avoir commencé ce livre après avoir écoutés "Hou hou hou, des fleurs pour Salinger." C'est franchement la honte de commencer un livre considéré comme un "classique du XXe siècle" parce qu'on ne comprend pas les paroles d'un groupe immature.
Immature. C'est le mot. Tout comme Indochine s'adresse à des ados alors qu'ils ont bientôt l'âge d'avoir un sonotone, semblent avoir des envolées lyriques alors que leurs textes sont creux et s'adressent à des adolescent friqués et désabusés, ce roman est un texte parlant d'un adolescent friqué et désabusé, écrit par un Salinger qui devait avoir plus de 30 ans.
Alors, oui, j'ai pas aimé ce livre et ma critique va être assez méchante, mais je ne peux pas lui mettre moins de 5 étoiles, parce que ce roman possède des qualités indéniable et ça n'est pas pour rien qu'il est devenu culte :
- Le niveau de langage a dû faire sauter plus d'un au plafond et à l'image d'un Céline quelques années plus tôt en Europe, on est face à un personnage qui parle mal, qui a des tics de langages. Je trouve que la traduction a plutôt bien rendu l'argot de l'époque, avec des "mômes" des "bicauses" et des "saletés" bien placés.
- On a l'une des premières figures de l'anti-héros et historiquement ce livre a fait date.
- Ca décrit assez bien l'époque immédiate de la fin de la guerre aux USA.
- Salinger sait manifestement écrire et construire une trame narrative et il y a une trame autour de la mort du frère d'Holden qui est intéressante.
- Il y a vraiment de très bons passages, comme celui avec la jeune prostitué au milieu du livre, les moments entre Holden et sa soeur et quelques autres moments.
Mais purée, en dehors de ces quelques scènes qu'est ce qu'on se fait CHIER ! Le personnage principal étant un adolescent désabusé, il raconte les choses de façon désabusée, ne sachant pas trop où il va. Si Holden était décrit au XXIe siècle, ça serait un Emo. (Tiens, un point commun avec Indochine...) Du coup, on se fait chier au fur et à mesure que se fait chier le personnage : Holden commence par partir de la pension, il décrit ses camarades, qu'il aime pas, il se fait chier et part. Ensuite, il va dans un hotel miteux, il se fait chier. Le lendemain, il traine dans New York, appelle des gens chiants pour les voir et constater qu'il se fait chier avec eux. Holden nous parle du cinéma qu'il aime pas, des musées qu'il aime bien, tente de flirter avec une nana et puis en fait non. Et cela sur 250 pages.
Après, ça peut venir de moi, je déteste les adolescents, notamment dans les fictions, et encore plus ceux qui ont du fric et peuvent donc dire que le monde "c'est de la merde" vu qu'ils auront jamais vraiment besoin de se donner la peine d'exister. Pauvre petits princes s'ennuyant au milieu de leur cage dorées. Le livre cherche surtout à donner le point de vue d'un ado basculant dans la folie et ne trouvant plus goût au monde. De ce côté là, il a réussi son compte, j'ai envie de lui donner des claques.
Après ça, Salinger a arrêté d'écrire. Et Indochine à commencé à chanter.