Après le décevant journal secret de Laura Palmer, j’étais plutôt réfractaire à la lecture de l’autobiographie de l’agent très spécial Dale Cooper. Seule la construction magistrale du personnage de la série m’a donné espoir de trouver, parmi ces quelques trois cent pages, une bizarrerie comme Lynch sait les pondre: envoûtante et mystérieuse, qui vous intrigue assez pour aller jusqu’au bout.
Pour aller droit au but, ce livre n’est pas une grande œuvre, non. Cependant, on est sur un autre niveau que le journal secret de Laura Palmer qui lui frôlait parfois le mauvais. Ici au pire on est dans l’inintéressant, dans la mollesse du quotidien d’un jeune ado un peu barjo, qui enregistre sur magnétophone son petit quotidien.
Fort heureusement, le ton décalé associé au personnage dans la série est ici parfaitement retranscrit. Suppositions de liens étranges entre différents événements, expériences folles sur les petites choses de la vie, le tout avec un équilibre entre la retranscription d’un rapport militaire et le témoignage touchant d’un humain qui se découvre, bref l’autobiographie de l’agent très spécial Dale Cooper est une franche réussite en ce qui concerne la découverte et même plus, l’approfondissement, de l’un des meilleurs personnages de série qui fut créé.
A noter, certains passages particulièrement drôles et décalés comme celui ci:
« Me voilà affecté à un travail de bureau, sans espoir d’en sortir dans un avenir proche. J’ai peut-être fait une bêtise en conseillant au psychiatre de se réconcilier avec son père et de cesser de reprocher à sa mère sa propre attirance pour les hommes. »
S’il n’aide aucunement à l’intrigue même de Twin Peaks, ce livre contrairement à son homologue le journal secret de Laura Palmer est à mon avis indispensable pour les fans, dans ce sens qu’il nous permet d’avoir un regard différent sur son principal protagoniste.
Je n’ai pas noté de fautes d’orthographes mais celles de syntaxe (dues à une mauvaise traduction) sont légion hélas. L’oubli volontaire des pronoms personnels rend parfois la lecture trop «américaine» à mon goût. Tout comme le journal secret de Laura Palmer, ce livre bénéficie d’une édition originale de qualité, qui s’affiche avec classe dans une bibliothèque.