Pilier de la culture scolaire en France au collège, l'Avare de Molière n'eut pourtant qu'un succès mitigé à l'époque. Le public lui reprochant son texte en prose, des personnages au destin en suspend (Valère, Frosine) et son dénouement un peu WTF. Pourtant, c'était la pièce de la maturité pour Molière alors âgé de quarante-six ans lors de la première représentation.
Là où il n'échoue pas, c'est comme toujours dans son observation des mœurs de son époque. Il ne touche pas aux médecins. Tout juste y glisse-t-il une petite pique lors d'une réplique. Ce qui l'intéresse, ce sont les relations entre les parents et les enfants. Les premiers dominaient les seconds à tel point qu'il faut en passer par le père quand il s'agit d'amour. C'était un autre temps mais ça paraît toujours bizarre aujourd'hui.
Outre le besoin de liberté des enfants, Molière critique la justice et les usuriers qui prenaient à la gorge les emprunteurs avec leurs taux délirants. C'est tourné en dérision ici quand La Flèche énumère toutes les vieilleries que Cléante est forcé de récupérer s'il veut son argent.
Enfin, à travers Harpagon que Molière interprétait lui-même sur scène, c'est l'avarice qui est moqué. On a là un vieillard soi-disant amoureux d'une jeune femme. Mais ce sont plus ses éventuelles richesses que son physique ou sa personnalité qui l'attire !
De toute façon, Harpagon est constamment moqué pour son avarice poussé à l'extrême mais aussi pour sa crédulité, sa naïveté, sa paranoïa.
Si le texte est en lui-même assez drôle, au spectacle, ce devait être autre chose. On en revient à la citation de Molière : "le théâtre n'est fait que pour être vu".
Le poids des ans a aussi fait son œuvre. Certains mots, certaines tournures de phrases ne sont plus du tout utilisés aujourd'hui. Ça peut faire sourire ce décalage entre la manière dont ils s'exprimaient au dix-septième siècle et aujourd'hui. Mais les thèmes sont toujours actuels et nul doute que Molière se régalerait aujourd'hui à se moquer de ses semblables.