Un roman qui éclaire
Un seul regret. Ne pas l'avoir lu plus tôt. Je l'ai terminé il y a quelques jours mais je peux dire qu'il ne fait aucun doute que ce roman va me hanter pendant très longtemps, à l'instar de 1984 de...
le 24 févr. 2017
9 j'aime
2
Quelle leçon l'homme qui pense pouvoir tout maîtriser peut tirer de la lecture de cette incroyable dystopie !
"Je pense que nous ne sommes pas devenus aveugles, je pense que nous étions aveugles. Des aveugles qui voient. Des aveugles qui, voyant, ne voient pas."
De nos jours, dans une Ville universelle qui n'a ni lieu ni nom, évolue une humanité désincarnée car vous ne trouverez aucun nom propre dans ce roman, aucun des nombreux personnages ne sera désigné par son prénom. Qu'il vous suffise de savoir que ce sont des gens comme vous et moi. Sans avertissement, un fléau s'abat sur cette humanité soudain frappée d'un handicap sensoriel terrifiant : la cécité. Telle une pandémie incompréhensible et incontrôlable, elle s'empare de chaque être, tous sont progressivement aveugles. Tous ? Non, une femme, l'Eve dernière, conserve seule la vue comme pour témoigner du déclin rapide et apocalyptique de notre civilisation.
Aveugle, la population totalement désarmée, impuissante, débile. Aveugles, les instincts grégaires renaissants qui ne connaissent ni foi ni loi. Aveugles, les consciences et les sentiments.
Par ce roman étrange et déroutant, l'écrivain portugais nobelisé José Saramago nous plonge dans le chaos le plus total et le plus totalitaire. C'est d'abord la saleté des corps et des âmes qui engloutit tout et qui malmène tous nos sens, à commencer par l'odorat. Nous aussi nous voudrions être aveugles pour ne pas voir les immondices et les chairs putréfiées. Surtout, nous voudrions ne pas avoir à toucher l'inconnu, à sentir les remugles, à écouter les plaintes, à goûter la nourriture abjecte et l'eau répugnante qui deviennent vite les dernières ressources, les ultimes trésors d'êtres devenus pitoyables.
Ce roman fait peur, il dégoûte, il fascine, il marque durablement l'imagination. Son thème nous ramène à notre fragilité, à notre vanité, à notre place dans l'univers. Et si demain toute le monde était aveugle ? Avec des si, on peut refaire le monde, on peut aussi le détruire.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Challenge Nobel (sans limite de temps), 2019 et Challenge MULTI-DEFIS 2019
Créée
le 3 sept. 2019
Critique lue 603 fois
3 j'aime
D'autres avis sur L'Aveuglement
Un seul regret. Ne pas l'avoir lu plus tôt. Je l'ai terminé il y a quelques jours mais je peux dire qu'il ne fait aucun doute que ce roman va me hanter pendant très longtemps, à l'instar de 1984 de...
le 24 févr. 2017
9 j'aime
2
Le style est déroutant. Il faut s'habituer. Mais, une fois que c'est fait, quel roman! Lu en pleine pandémie, ce roman a eu une grande résonance. Brutalement, des personnes se mettent à devenir...
Par
le 26 oct. 2020
4 j'aime
11
Une épidémie de cécité frappe une ville puis tout un pays, plongeant ses habitants dans un mystérieux "mal blanc"... Plus de 300 aveugles vont être placés en quarantaine dans un ancien asile...
Par
le 1 sept. 2019
4 j'aime
2
Du même critique
Comme je déteste interrompre une lecture avant le dénouement, c'est forcément un peu avec la mort dans l'âme que j'abandonne celle de "La Horde du Contrevent" à la page 491 (sur 701). Pourquoi...
Par
le 1 janv. 2014
68 j'aime
24
Je viens d'achever la lecture de ce petit livre qu'on me décrivait comme l'un des dix livres de science-fiction à lire dans sa vie sous peine de mourir idiot. Je viens d'achever la lecture de ce...
Par
le 15 sept. 2013
55 j'aime
10
Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution...
Par
le 22 mai 2018
33 j'aime
8