« L’écluse n°1 » (1933), écrit à 30 ans par Georges SIMENON (1903-1989) est le 17e roman (sur 75 + 28 nouvelles) dont le commissaire Jules Maigret est le personnage principal [à moins d’une semaine de la retraite dans ce roman et qu’il va passer avec sa femme entre Meung-sur-Loire (Loiret) et Tours (Indre-et-Loire)]. Il a fait l’objet de 5 adaptations télévisuelles dont 2 françaises, l’une par Claude Barma en 1970 avec Jean Richard et l’autre par Olivier Schatzky en 1994 avec Bruno Crémer. Divisé en 11 chapitres, le roman débute à Charenton-le-Pont [commune du Val-de-Marne actuellement et au confluent (rives droites) de la Seine et de la Marne], au printemps. L’histoire parait simple et repose sur 2 personnages, Emile Ducrau, entrepreneur (24 péniches et une carrière de craie en Champagne), sans illusions sur les gens (des « Crabes »), sa femme, ses enfants et ses employés, et Gassin, marinier falot (de la péniche « La Toison d’or ») fréquentant les cafés depuis la mort de sa femme il y a 15 ans et élevant sa fille Aline. Comme souvent, l’enquête policière est secondaire et Simenon décrit un milieu, une ambiance et des caractères avec tellement de talent : « il y avait un petit homme tout envahi de poils drus et jaunes comme du mauvais foin… Ses prunelles claires nageaient dans une eau trouble »). Les chapitres VIII à X qui se déroulent dans la maison de campagne de Ducrau à Samois-sur-Seine rappellent les pièces de Tennessee Williams (1911-1983) au contenu explosif et aux sentiments violents et exacerbés [« Un tramway nommé désir » (1947), « La chatte sur un toit brûlant » (1955), « La descente d’Orphée » (1957) ou « Soudain l’été dernier » (1958)]. Comme d’autres écrivains (Arthur Conan Doyle par exemple), Simenon ne pourra pas se débarrasser du commissaire emblématique : le livre suivant, « Maigret » (1934), où l’ex-commissaire quitte sa retraite pour aider un neveu, aurait dû être le dernier de la série mais Simenon reprend le personnage dès 1936 avec la nouvelle « L’affaire du boulevard Beaumarchais ».