Lu en Juillet 2020 7/10
L'école des femmes, j'dirais que c'est avant tout l'histoire d'un mec... L'histoire courte de Arnolphe, un barbon qui a une peur bleue de se retrouver cocu. C'est pourtant pas faute de lui expliquer plusieurs fois (Chrysalde s'en occupe) que « l’honnêteté » c'est pas que ça et que séquestrer une fille jusqu'à ses 15ans et lui donner une éducation religieuse d'une grande probité tout ça pour en faire la femme parfaite qu'ira pas voir ailleurs ; c'est pas très bien et ça sert à rien.
Plus sérieusement, je n'avais pas encore lu d’œuvre comme cette école des femmes ; une comédie qui a toutes les allures d'une farce tant Arnolphe est bouffon et se fait couilloner que ça en devient risible.
Le final, apothéose de la bouffonnerie et des quiproquos, m'a fait rire à pleine voix ce qui est quand même un gros point positif de mon expérience personnelle et qui compense un ensemble est assez mou.
Au-delà de ça, c'est une œuvre d'une grande modernité. Ce personnage autocentré, obsédé par le regard des autres mais qui ne le supporte pas siérait assez bien en accro des réseaux sociaux (ou de Sens critique?) de nos jours.
Si l'histoire a du mal à avancer c'est comme souvent chez Molière au profit d'une visée didactique et polémique. Attaque des bonnes mœurs et de la religion, évocation de la possibilité pour une femme de s'émanciper, caricature d'une bourgeoisie en quête de pouvoir... Cette œuvre se révélera certainement très intéressante à analyser dans le détail et dans son contexte historique.
Pour conclure je dirais que j'y vois une œuvre majeure déguisée en œuvre mineure de Molière. Le fond, le « pitch » comme on dirait aujourd'hui a été plus soigné que le rythme et que la comédie verbale si bien que le plaisir qu'on en retire n'est pas aussi grand que certaines pièces. Ceci dit, voir Molière jouer cet Arnolphe devait être une sacrée expérience et chose que je n'ai pas mentionné, le texte possède certains passages très poétiques.
En bref, ne bonne et souriante expérience !
« ARNOLPHE : Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime, Même ne sache pas ce que c'est qu'une rime ; Et s'il faut qu'avec elle on joue au corbillon, Et qu'on vienne à lui dire, à son tour : «Qu'y met-on ?» Je veux qu'elle réponde, « Une tarte à la crème » ; En un mot, qu'elle soit d'une ignorance extrême ; Et c'est assez pour elle, à vous en bien parler, De savoir prier Dieu, m'aimer, coudre, et filer » (I-1 /95-102/)
« ARNOLPHE : Je ne puis faire mieux que d'en faire ma femme, Ainsi que je voudrai je tournerai cette âme : Comme un morceau de cire entre mes mains elle est, Et je lui puis donner la forme qui me plaît » (III-3 /808-811/)