J’ai été éblouie par ce témoignage, qui ne ressemble en rien à tout ce que j’ai pu lire sur la littérature des camps. Ce livre raconte l’avant, le pendant, l’après, oscillant de l’un à l’autre, fractionnant le texte dans sa chair, suivant le rythme entêtant d’une vieille horloge de parquet. Je vois la neige, les baraques, les visages, toute une atmosphère, au-delà du palpable, Semprún nous guide, nous amène à percevoir autre chose ; la partie non lumineuse, à l’ombre des baraques, à l’ombre des visages, la neige qui tombe du ciel et celle qui recouvre la terre, les souvenirs, sans jamais les étouffer.
Quelques longueurs et digressions sur la seconde moitié du livre, pardonnées sans difficulté. Ce livre est à la fois remarquable et singulier, magnifiquement écrit. Il ouvre des portes que l’on imaginait closes.