En lisant ce livre, ce qui m’a le plus surpris, c’est le sourire qui restait plaqué sur mes lèvres. Il peut se passer les choses les plus terribles dans ce roman, le ton reste léger, agréable, toujours assez sympathique pour qu’on ne s’inquiète pas, qu’on se dise que tout ira bien. Emporté par les tournures de phrases poétique, le surréalisme des lieux, les dialogues incongrus, on voit les personnages s’empêtrer de plus en plus profondément dans les difficultés de leur situation. C’est lent, c’est doux, ça donne l’impression d’une caresse jusqu’à ce qu’on réalise que c’était un coup de poing, au moment où on ferme le roman.
Tout allait mal mais c’était empli d’espoir, ils continuaient à vivre, heureux, et… et on ne sait pas, on s’attendait à ce que les choses s’arrangent d’elles-mêmes par un quelconque miracle comme on n’en voit que dans les romans, comme les personnages s’attendent à ce qu’elles s’arrangent sans qu’ils aient à faire le moindre effort, dépensant leur argent et abandonnant l’idée d’un travail parce que bon, tant qu’il y en a, tout va bien, et quand il n’y en aura plus, il leur suffira de se serrer la ceinture, pas vrai ? On s’attend à ce que tout redevienne heureux. C’est une lente descente, et enfin, quand on referme le roman, on se demande, mais à quoi est-ce que je m’attendais ?
Je ne sais pas à quoi je m’attendais. Tout ce que je sais, c’est que L’Ecume des Jours m’a frappé. Que c’est un roman extraordinaire, poétique, et incroyablement douloureux. Que j’ai l’impression que ce roman est un concentré de désespoir, rendu beau par les mots magiques d’un écrivain incroyable.
Un pilier de la littérature française, oui.