La médiocrité à son paroxysme.

L’Éducation Sentimentale raconte l’histoire de Frédéric Moreau un jeune homme rêveur qui vit dans un monde rempli d’illusions et de médiocrité. Puis L’Éducation Sentimentale, c’est également un roman d’amour. Celui de Frédéric, ce jeune étudiant en droit de dix-huit ans et de Mme Arnoux, une femme de la classe bourgeoise mariée à un drôle de personnage. Toutes les femmes que Frédéric rencontrera en vingt-trois ans ne pourront effacer l’amour qu’il éprouve vis-à-vis de Mme Arnoux. Pourtant Frédéric ne parvient pas une seule fois à lui exprimer son amour. Cet amour ne sera jamais charnel, passionnel. En effet Frédéric Moreau symbolise le véritable archétype du romantisme décrit au 19ème siècle. Malheureusement cet amour réciproque ne sera que réellement évoqué à la fin du roman, lorsque Mme Arnoux, veuve et trop âgée, préfère quitter Frédéric en lui faisant ses adieux. Ici Frédéric finit par se résigner, il accepte son échec en se réfugiant dans la médiocrité, laissant de coté le beau qu'il a rêvé ! En résumé Frédéric a échoué complètement ce qu'il voulait faire dans la vie professionnellement et surtout sentimentalement car même si quatre femmes sont tombées amoureuses de lui il attendait seulement Mme Arnoux, mais, il a été incapable d'aller jusqu'au bout en lui révélant ses sentiments. Frédéric Moreau est un loser qui n'écoute pas son cœur alors il passe à coté de tout ce qu'il voulait. Malgré tout ce roman est intéressant car il met en avant un Paris violent, une société indicible, une révolution, des crises sociales, des personnages essoufflés, des vies qui se fracassent contre la réalité et Frédéric Moreau qui ne s'en sort jamais, lentement, il piétine. Finalement L’Éducation Sentimentale est un roman réaliste où rien ne se passe, où le romantisme n'a plus sa place. Flaubert a une vision extrêmement et intensément pessimiste du monde qui l'entoure: l’individu est condamné à vivre dans la médiocrité, il se situe dans le Néant, puis, en vain au sein de la procrastination. A plusieurs reprises Frédéric aura des opportunités d’embrasser enfin une grande carrière, mais, à chaque fois il ne réagit pas à temps, il change d’avis en se laissant aller à des futilités. Dans le domaine de l'amour les puissants sentiments qu'il éprouve pour Mme Arnoux il décide de laisser tout cela de coté. En effet les occasions de dévoiler son amour sont multiples, mais, souvent Frédéric prend peur, alors, il n’agit pas, en n'écoutant pas son cœur il vivra l'horreur de la médiocrité. Il n’arrive même pas à détester le mari de Mme Arnoux, il devient d'ailleurs ami avec lui. Flaubert joue avec les sentiments du lecteur, car celui-ci, suivant la vie de Frédéric, souhaite le voir réussir. Souvent l’aboutissement de ses désirs semble à portée, mais, toujours un événement hasardeux ou une dernière hésitation du « héros » vient anéantir cette possibilité, il se retrouve malheureux. L’Éducation Sentimentale est, de ce point de vue, un roman frustrant. Frédéric Moreau restera fidèle à lui-même, hésitant, inintéressant jusqu’à la fin du roman. Frédéric Moreau est un être fragile, futile et lâche, mais, il est surtout terriblement humain. Il représente, d'une manière impitoyable l’impossibilité de combler ses désirs. La vie de Frédéric Moreau est désespérante, idiote, médiocre car elle n’accomplit rien. Il l’aura traversé, en éprouvant une multitude de sentiments, mais, ne pourra finalement se contenter que d’une amère nostalgie.