Coup de coeur
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le 24 oct. 2022
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Paris violent, société indicible, révolution, crises sociales, personnages essoufflés, vies dramatiques, accidentées qui se fracassent contre la réalité, le hasard, le sort, toutes sortes de choses : Flaubert s’est bien souvenu que le bonheur est antilittéraire (les familles heureuses n’ont pas d’histoire disait Tosltoï).
L’Education sentimentale est souvent présenté comme un roman d’apprentissage mais c’est un faux roman d’apprentissage puisque les personnages du roman gesticulent au sein d'un monde qui a déjà été perdu avant même que l’aventure ne commence, loin du rêve initial. Flaubert c’est l’échec comme manière de vivre (triple : social, historique, sentimental), sans apprentissage de fond, comme si la vie n’était qu’un lent piétinement.
Car L’Education sentimentale est un roman où rien ne se passe, où tout coule, tout échoue, s’éparpille, où les actions ne mènent nulle part, où l’intimité qu'on a avec les gens ne mène à rien. Même les régimes politiques y sont saisis au moment de leurs chutes, dans un monde circulaire et caduc.
L’Education sentimentale c’est aussi un réalisme en nostalgie du romantisme, cette chimère consummée par une époque vaine et rétrécie. Flaubert, magistral, démontre que le meilleur moyen de rater sa vie est encore de l’entourer d’illusions : c’est quand tout semble réalisable qu’une secrète et invincible destruction impose sa loi.
Au final nous avons une vision flaubertienne du monde intensément pessimiste : l’individu est médiocre , vit en marge de sa propre vie, n’est voué qu’au vieillissement, condamné au néant. C’est certainement dû à mon état d’esprit au moment de la rédaction de cet avis, mais je partage assez cette vision. Il conviendrait que je me soigne.
Les résidences royales ont en elles une mélancolie particulière, qui tient sans doute à leurs dimensions trop considérables pour le petit nombre de leurs hôtes, au silence qu’on est surpris d’y trouver après tant de fanfares, à leur luxe immobile prouvant par sa vieillesse la fugacité des dynasties, l’éternelle misère de tout.
Note : Une version moderne du faux roman d’apprentissage avec Les menteurs de Lambron, pendant les années 1980/90. Les menteurs
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Créée
le 20 déc. 2017
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