Édouard Louis, encore, un nouveau roman ! Je rechigne à de nouveau me plonger dans cette écriture si particulière. Mais, encore pour L’effondrement, la magie de cette écriture de soi et du quotidien opère dès les premières pages.
Qui est-il ce grand frère décrit par toutes les femmes, y compris la mère d’Édouard, comme un gentil, un doux même sachant écouter. Lui qui noyé dans l’alcool et la drogue dès l’adolescence devient lorsqu’il est saoul un type malsain, violent et infréquentable.
Édouard Louis convoque Ariès, Joan Didion avec L’année de la pensée magique, Freud et Julia Kristeva pour enquêter en relevant des faits pour mieux les analyser. À partir des mots Blessure, Disparition, écrits ainsi, avec majuscule, il part sur la trace de ce frère dont la violence souvent lui faisait peur et dont la grossièreté le gênait. Face à lui, pas ou peu d’affectation, Édouard Louis le reconnaît.
Seulement, ce demi-frère, dont on ne saura jamais le prénom, s‘est suicidé et il devient essentiel pour l’écrivain de comprendre et d’expliquer la portée d’un tel acte, mais aussi de cerner la violence qui l’envahisse lorsque l’alcool le domine.
Abandonné par son propre père biologique, ce demi-frère n’a pas retrouvé auprès de son beau-père, nouvel ami de sa mère, la chaleur qui aurait pu combler cette faille. Car ce sont de véritables violences subies par son beau-père. Édouard Louis les a, lui aussi, subis mais il semble avoir oublié leur intensité (plusieurs témoins, dont sa propre mère en témoigne). Dans d’autres livres, il détaille le dénigrement né par rapport à son homosexualité.
Mais à la lecture de ces nouvelles pages, le lecteur comprend combien cette famille était dysfonctionnelle. Car, ce sont des sévices psychologiques d’abaissement, de dénigrement moraux et physiques indirects que les enfants subissaient, sans que leur mère puisse les protéger. Sévices que le demi-frère a reproduits avec les femmes avec qui il vivait.
Seulement, Édouard Louis, comme à son habitude, cherche des explications dans le déterminisme social de son milieu. Cette fois-ci, les trouvera-t-il ? Voici, certainement, la grande évolution du propos de l’écrivain …
Comme pour une enquête, Edouard Louis analyse les faits et les situations afin de comprendre pourquoi son grand frère s’est suicidé si jeune. Un écrit d’une grande sensibilité qui rompt quelque peu avec ses précédents écrits.
Chronique Illustrée ici
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