L'Islande est un pays qui compte quelque chose comme 320 000 habitants dont un bon tiers réside dans la capitale. De là à dire que tout le monde se connait, certes non, mais il y a une proximité, un caractère provincial, lesquels, allés à un climat rugueux, c'est le moins qu'on puisse dire, donnent un caractère et une atmosphère comparables à aucun autre pays européen. De ce point de vue, L'embellie est un roman on ne peut plus islandais, bien plus que Rosa candida, publié quelques années plus tard par Audur Ava Olafsdottir, qu'on pourrait qualifier d'universel dans une tonalité douce et tendre moins apparente ici. Le personnage de femme divorcée, flanquée d'un jeune enfant, et entreprenant un road trip sur son île rappelle étrangement le thème de Chapardeuse, le roman de l'américaine Rebecca Makkai, paru également lors de cette rentrée littéraire. Il ne se passe rien de réellement excitant dans le voyage proposé dans L'embellie, si ce n'est quelques péripéties anodines, le personnage principal cherchant visiblement à se reconstruire, chose que la présence de son jeune compagnon pourrait l'aider à réaliser. Les scènes se succèdent, un brin de cocasserie par ci, un soupçon d'amertume par là, dans des paysages noyés de pluie. On s'ennuierait presque mais non, un détail, une réflexion, un moment absurde relancent l'intérêt. A l'image des recettes de cuisine qui concluent le livre, Olafsdottir a concocté un plat dont les saveurs ne s'apprécient que si l'on a la patience d'attendre que la cuisson soit à point.