EXCEPTIONNEL !
Voilà tout ce que je pense de L'Empereur-Dieu, mais également de la saga Dune de Frank Herbert. Comment pourrait-il en être autrement après avoir achevé un 4e roman qui englobe avec tant de maestria tout ce qui compose cette fabuleuse épopée étalée sur presque 4 millénaires ? Bien sûr, si vous tombez sur ce billet et que vous ne connaissez pas Dune, vous n'avez aucun intérêt à lire ce qui suit.
Par contre, je vous invite sincèrement et de tout mon coeur à lire ces livres. A découvrir l'histoire audacieuse et enivrante d'un djihad politico-religieux sur fond de fable écologique menant à la gestion économique et social de l'Univers, le tout dans un univers SF maîtrisé où on côtoie des personnages attachants et parfaitement écrits.
Bref, LISEZ Dune.
Ca vaut vraiment, VRAIMENT, V R A I M E N T le coup.
C'est juste...WOOOOOWWWW et ce 4e livre est probablement LA pièce maîtresse de la saga. C'est là où toutes les lignes scénaristiques converges. C'est tout simplement la plus belle expression du Sentier d'Or selon F. Herbert !
Maintenant que j'ai fait du lobbying et dévoilé que j'étais un fanboy, place au SPOILER !
(et je spoile jusqu'à la fin du livre, alors attention !)
Il n'était pas évident de succéder à Paul "Muad' Dib" Atréides en tant que personnage principal mais pourtant dans Les Enfants de Dune Leto II s'en sortait avec les honneurs. Mais là, devenu Empereur Dieu, il l'évince totalement ! Véritable Dieu vivant capable de prédire l'avenir, ayant une connaissance absolue du passé universel, doté d'une force surhumaine le rendant presque invulnérable et d'une longévité de plusieurs millénaires, Leto envoie sacrément du pâté. J'ai tendance à avoir du mal avec les super-héros car je n'arrive pas à éprouver de l'empathie à leur égard mais pourtant je me suis énormément attaché à ce Ver immortel et surpuissant.
Dune vaut pour son histoire mais également pour ses dialogues rhétoriques finement ciselés et ce 4e opus transcende totalement cette recette bien établie. 75% du roman est dédié aux dialogues entre l'Empereur et les nouveaux personnages puisqu'exit Jessica, Ghani et autres Princesse Irulan. D'une manière générale, les nouvelles têtes s'intègrent parfaitement. Que ce soit Monéo, Siona, Hwi Noree ou les Truitesses, on prend beaucoup de plaisir à les découvrir et à percer leurs motivations. Surtout que ces dernières sont dévoilées lors d'échanges avec un être supérieur qui anticipe toutes leurs actions et réactions.
Mais si c'est tellement intéressant c'est bel et bien parce que F. Herbert place ces dialogues au centre de thématiques fortes. Bien sûr la gestion économique de l'Univers régie par l'utilisation de l'épice est importante. C'est également le cas de l'application juridique et politique. Mais là où ça devient brillant c'est quand l'auteur assène en filigrane les tourments qui jalonnent la vie d'une société humaine. Tout tourne autour du règne de Léto. Est-il un tyran ou le sauveur de l'humanité ? A-t-il le droit ou le devoir de plonger les Hommes dans la détresse et la pauvreté ? Est-ce une bonne chose que d'élever la femme au sommet de l'Etat au détriment de l'homme ?
Plus que par le passé encore, ce 4e tome prend une tournure philosophique et, comme à son habitude, F. Herbert gère parfaitement son sujet et ne s'éparpille jamais. On pourrait craindre à un moment que ces pamphlets puissent lasser mais ça c'est avant l'avènement du dernier Duncan Idaho. Personnage emblématique de la saga s'il en est, notre conseiller préféré devenu ghola depuis le livre précédent, nous offre ici le pan le plus humain du livre. Paradoxal n'est-ce pas compte tenu de sa condition de clone ? Pourtant Duncan ne peut laisser indifférent. Il est aisé de se mettre à sa place et de comprendre son désarroi d'être propulsé contre sa volonté dans une société et une époque qu'il ne comprend pas.
Ses échanges avec Leto sont à la fois tendus et touchants. Ils le sont tellement que le ghola a réussi à faire vaciller la sympathie que j'éprouvais pour l'Empereur. Ainsi, mon coeur à balancé entre l'expression humaine de la frustration éprouvée par Duncan Idaho et l'ineffable poids des responsabilités de Leto. Herbert a réussi à créer un équilibre dès plus appréciables et c'est pourquoi j'ai dévoré le bouquin. Ca faisait très longtemps que je n'avais plus bouquiné en dehors de mes (nombreuses...) heures de transport quotidien mais là je n'ai pas pu résister. Rentré chez moi, je reprenais ma lecture car j'étais accro. Certes l'intrigue avance lentement mais j'étais totalement happé par l'univers et ses personnages.
A tel point qu'arrivé à 40 pages de la fin, je me suis précipité pour commander le 5e livre alors que je m'étais promis de m'arrêter à l'Empereur Dieu ! Je ne pensais pas que l'auteur pouvait boucler son roman en si peu de pages...et pourtant il l'a fait ! Bodel de merde, il l'a fait. Et d'une bien jolie manière. Je savais bien au fond de moi que Léto était quelqu'un de bien. Herbert a pris le temps de nous montrer la face cachée de sa toute puissance omnisciente et lorsqu'il meurt, on comprend qu'il avait tout prévu. Qu'il a affronté sa destinée sans jamais renoncer. Qu'il a toujours tout fait pour sauver les Hommes et ce même s'ils devaient le haïr et le mépriser pour cela. Et c'est d'autant plus triste qu'au contact de Hwi Noree il a connu le Grand amour. Celui qui fait souffrir. Mais celui qui donne également envie de vivre.
Voici une citation de lui qui, selon moi, résume à merveille le personnage de Léto :
Entre l'inhumain et le surhumain, il n'y a plus beaucoup de place pour être humain.
Non, il n'y a pas à chier; F. Herbert a crée avec Leto II Atréides un personnage Majeur de sa saga, mais également de la littérature fantastique. Un personnage complexe qui a servi de prisme pour concentrer puis diffuser ses pensées sur les Hommes en général et surtout sur leur manière de gérer leur société. Ses réflexions sur la religion et sur la violence valent vraiment le détour et viennent compléter ce qu'il exprimait à travers le personnage de Muad' Dib dans les précédents livres.
Bref, c'est un peu anarchique comme billet et j'ai beau avoir pris des notes pour rédiger quelque chose de structuré, finalement j'ai tout bazardé et j'ai écrit à l'instinct. Comme ça venait, sous le coup de l'émotion. Mais voilà, Dune m'a soufflé et ce présent livre m'a juste envouté. C'était vraiment trop trop terrible ! Maintenant je me retrouve avec le 5e roman (les hérétiques) qui fait office de rupture totale avec le reste de la saga et je sais déjà que je vais connaître une frustration intense en le lisant puisque Herbert n'a jamais achevé son histoire. Mais tant pis. Je suis vraiment trop fan de cet univers pour le lâcher. Et puis, un peu comme Léto, ça me donnera l'impression d'être sur le Sentier d'Or en connaissant déjà la conclusion; je serai orphelin de la fin mais ça semble valoir vraiment le coup de souffrir pour en arriver là !