L'empire des loups est un classique de Grangé étrangement boudé par ses fans.
On y retrouve pourtant tout ce qui fait le "charme" de cet auteur, tout ce pour quoi on l'aime - et qui nous fait parfois peur : un style lapidaire, fait de phrases courtes, presque orales, de gens décrits par deux ou trois caractéristiques qui permettront de les identifier tout au long du livre et des paysages hautement étudiés, disséqués, rendus vivants par l'art du détail qui cache le reste ; une intrigue haletante et complexe, effrénée, qui ne s'arrête jamais, qui avance, recule, prend un chemin de traverse et se clôt - ah, non, c'était une fausse piste - et donc qui repart ; et une série de retournements de situation qui font battre le cœur du lecteur à l'unisson de son héroïne.
C'est d'ailleurs ce dernier point, pour ma part, qui me fait tant chérir ce roman et qui m'a tant laissé sur le cul en le lisant. Ses fameux twists qui s'accumulent et rajoute de l'horreur dont on raffole à de l'horreur dont on vient de se rassasier.
Mais il serait malhonnête de taire le reste des qualités indéniables de l'œuvre, à commencer par son univers, partant des beaux quartiers parisiens pour se perdre dans les mafias turques et, bien évidemment, les paysages et les bas-fonds de la Turquie elle-même. C'est l'une des qualités de Grangé, et je trouve que L'empire des loups en est un magnifique exemple : on a l'impression que cet homme a ses entrées partout, autant des les quartiers chics de la capitale à boire une coupe de champagne hors de prix entouré d'invités de marque qu'un flingue à la main, en débardeur blanc fatigué en train de faire des paquets de cocaïne dans un sous-sol désaffecté d'Istamboul. Et le plus beau, là-dedans, c'est qu'il en fait profiter son lecteur.