Brandon Sanderson écrit un page-turner de fantasy efficace avec l'Empire Ultime, premier tome de la trilogie des Fils-des-Brumes(même hexalogie puisqu'il semblerait qu'une seconde trilogie se déroulant bien plus tard dans cet univers fasse partie du cycle tout en étant indépendante).
Il y entremêle plusieurs motifs narratifs récurrents et bien connus appartenant aussi bien au genre de la fantasy comme à d'autres genres peu employés dans ce contexte. C'est donc l'alliage de ces différents ingrédients ( pour rester dans le thème de la magie dévoilée dans le roman), somme toute assez classiques, associés à une prose simple, allant à l'essentiel, qui fait de L'empire ultime un agréable représentant de la BCF (Big Commercial Fantasy).
Mais quels sont les ingrédients utilisés pour façonner cet alliage allez vous me dire?
Et bien c'est simple: Sanderson transpose un récit de braquage à la Ocean's Eleven dans un univers de high-fantasy, y ajoute l'habituel récit d'apprentissage rallongé à la sauce My Fair Lady, y met l'incontournable seigneur des ténèbres après sa victoire totale sur le monde en guise d'antagoniste, mais avec une modification appréciable néanmoins (il s'agit ici de celui qui devait être le grand sauveur du monde face au seigneur des ténèbres qui a pété un câble après sa victoire contre celui-ci, un peu comme si Aragorn s'était emparé de l'anneau après avoir vaincu Sauron pour vous donner une idée de la chose), y ajoute différents motifs narratifs relatifs à la résistance face à l’oppression, et enfin, crée deux systèmes de magie très développés et ayant une logique interne au récit, tous deux basés sur l'utilisation des métaux: L'Allomancie et la Férrochimie.
Ce système de magie avec des règles explicites très codifiées, que Sanderson définit comme étant, d'un point de vue narratif, de la "Magie Dure" est une des grande force du roman. Elle permet à l'auteur de donner une grande cohérence à la magie employée comme à l'univers décrit.
La "Magie Dure" est donc opposée pour Sanderson à la "Magie Douce": des règles de magie floues et peu explicites, qui tiennent plus du genre "merveilleux", telles qu'on peut le voir par exemple dans le Seigneur des anneaux. La plupart des auteurs de fantasy oscillent donc entre ces deux pôles, certains se trouvant quelque part entre les deux.
Sanderson mélange donc tous ces éléments pour créer un récit enlevé, sans véritable temps-morts, qui tient son lecteur en haleine.
Son système de magie qu'on pourra plus rapprocher dans son application à des pouvoirs super-héroïques qu'à de la fantasy classique, donne un caractère particulier à l'action qui fera penser immanquablement aux univers Marvel ou DC Comics. N'étant pas particulièrement fan du genre, ni n'ayant de goûts particuliers pour les hommes en collants, on pourrait croire que c'est plutôt un reproche de ma part, mais Sanderson parvient à faire fonctionner tout cela bien mieux qu'on ne pourrait s'y attendre.
En conclusion, une oeuvre de fantasy aux allures de blockbuster, résolument plus tournée vers l'action que la poésie, décrivant un univers bien construit et pensé, avec des personnages attachants, même lorsqu'ils sont par moments un peu trop clichés, le tout, écrit avec une plume compétente. On prend donc plaisir à suivre les aventures de Vin, Kelsier et consort, et on a envie de connaitre la suite de leurs aventures.
Sans doute pas à ranger au panthéon des œuvres du genre, mais, à l'image des différents alliages dont les héros se servent dans le roman, un mélange de motifs narratifs efficaces de la part de Brandon Sanderson, qui forge ici, à travers son écriture, un ouvrage solide.