De châteaux en émois...

Barjavel, écrivain doté d'une imagination féconde et d'une plume légère, visite ici le mythe arthurien.

Son écriture demeure un bonheur à lire. Elle est fluide, aérienne et glisse comme l'eau dans un petit cours d'eau de Basse Bretagne. L’histoire est simple, belle et romanesque. Le lecteur a l'impression de cheminer au travers des pages d'un livre de contes de sa prime jeunesse.
On retrouve ici avec délectation tous les personnages de légende qui gravitent autour de la quête du calice mystique tant recherché : Merlin, Viviane, le roi Arthur, la reine Guenièvre, Lancelot, Perceval, Gauvain et les multiples chevaliers qui partent en quête depuis la fameuse table... mais aussi les lieux emblématiques : Camelot, le Val sans retour, Stonehenge...
Les scènes se succèdent comme dans un rêve éveillé et c'est en écartant un voile diaphane que l'on passe au tableau suivant. Quel est donc le lien entre toutes ces scènes ? L'enchanteur bien entendu ! Juché sur son arbre bleu, il contemple le monde qui va.
Le courage, la pureté, l'abnégation sont les qualités requises pour terrasser les mécréants, les dragons, résister aux promesses du Malin mais aussi tâcher de conquérir le Graal. Nombreux sont ceux qui y perdent la vie mais c'est le prix de ce rêve de paix et d'harmonie.
L'amour constitue également un fil conducteur fait de passions, de déraison, de force intérieure aussi. Il est tissé au plus profond de la trame des êtres qui se côtoient et s'attirent irrésistiblement, comme les deux moitiés d'un tout unique. Il mène le monde à sa perte... ou à sa rédemption. Merlin lui-même ne le sait pas mais s'il connaît le prix à payer pour conserver ses pouvoirs.

Barjavel parvient, aux travers de scènes parfois bouleversantes, à entretenir l'intérêt du lecteur pour une aventure tellement classique... mais le talent est là et sa plume enchanteresse.