Une année dans la vie d'un jeune homme, Bengt, quelque part entre l'enfance et l'âge adulte, dans son ambivalence, ses difficultés, son incapacité à transcender les difficultés, où la seule réponse à ses souffrances est la violence envers les autres, puis envers lui-même, que les autres, par amour acceptent et subissent, parce qu'ils ne savent pas comment manifester autrement leur amour.

A la lecture de ce livre, je comprends mieux les mécanismes de violence conjugale.

J'ai détesté les personnages de ce livre, tous. ils n'ont pas éveillé en moi de compassion, et l'auteur les dissèque comme un entomologiste. Le mode pourrait être celui d'un journal d'adolescent, mais écrit à la 3e personne. Cette fausse distanciation m'a également mise mal à l'aise.

Bengt est enfermé dans un huit-clos avec lui-même et ses co-personnages, et la seule interaction est le temps, à la fois figé, mais aussi celui que met une bougie à brûler, et le temps au sens de la météo, cet enfermement lié aux longues nuits scandinaves et au froid extérieur.

Bengt fait soi-disant des études de philosophie, qui devrait lui permettre de poser des repères, mais comme les autres personnages, est complètement ballotté par son instinct, "comme des chiens".

extrait :
"Je crois que les parents ont toujours une conception de la pureté différente de celle de leurs enfants ... Les parents vivent toujours une vie plus impure que celle de leurs enfants parce qu'ils se pardonnent tout ce qu'ils font ... c'est le bénéfice que "l'expérience" confère aux hommes. Ce que les parents appellent expérience n'est rien d'autre qu'une tentative couronnée de succès et conduisant souvent au cynisme, de renier tout ce qu'ils avaient éprouvé de pur, de vrai, de juste dans leur jeunesse.... Ils remarquent "le manque d'expérience" chez leurs enfants, c'est à-dire une forme d'inexpérience qui s'appelle pureté et et loyauté. Cela les irrite. Lorsqu'ils sont irrités, ils passent leur irritation sur les enfants. Cela s'appelle élever les enfants ; car, qu'est-ce que l'éducation sinon un effort de parents irrités pour étouffer ce qu'ils reconnaissent chez leurs enfants comme étant ce qu'ils ont étouffé de meilleurs en eux-même ?"

Bengt reconnaît qu'il n'est pas élevé. On est au moins d'accord sur ce point là.

Ce livre mérite probablement intrinsèquement une meilleure note, mais je me tiens à la notation à l'aune de mon plaisir de lecture.
Je n'en ai donc pas éprouvé, mais il m'a offert des pistes de réflexion.

une lecture qui m'a été soufflée sur Sens Critique par @Ganache






domguyane
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le 5 avr. 2011

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