Si Marguerite Duras et le cinéma du danois Vinterberg s'étaient rencontrés sur une page, sans doute cela aurait-il donné "L'enfant brûlé" de Stig Dagerman, paru en Suède en 1948, six ans avant son suicide à 31 ans.
Un huis-clos familial qui réussit le tour de force d'être tour à tour angoissant, asphyxiant et émouvant, et qui nous narre une année dans la vie de Bengt, garçon de 20 ans qui a perdu sa mère. Le roman s'ouvre sur les funérailles de cette dernière, Alma (mater !), qui réunit des gens qui ne l'appréciaient pourtant guère. On sent que l'histoire va tourner autour des faux-semblants, des non-dits, de l'hypocrisie des conventions sociales. Mais aussi de la filiation, du désir, de la transgression puisque "L'enfant brûlé" est avant tout un roman d'apprentissage et d'émancipation d'un jeune homme qui cherche à survivre à l'abrasion de l'absence maternelle et à grandir malgré elle. Nous sentons dès les premières pages une tension, une sorte de rage froide qui oppose silencieusement et mystérieusement père et fils. Au fil de la lecture, on se croirait bien souvent au sein du dîner explosif de "Festen".
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