Ce sera ici une critique des 4 tomes (sans rien divulgâcher ne craignez rien).
C'est avec un emballement réel que j'ai entamé la lecture de l'amie prodigieuse. Tout m'a séduite dans le tome 1 : une écriture réalisée sur un rythme effréné qui nous emporte dans le quartier de Naples de Lila et Elena alors qu'elles ne sont encore que des enfants; le début d'une amitié particulière et intense; des portraits de vie qui pourraient tout à fait être de vrais témoignages de l'Italie des années 50; tanto de l'allégresse, tanto de la gravité, et toujours un climat social plus instable et des injustices évidentes qui imprègneront la vie des 2 fillettes...
Une belle promesse.
Et puis le tome 2 qui ne convainc pas du tout en comparaison : dans celui-ci l'essentiel repose sur les souffrances amoureuses des jeunes filles en pleine crises adolescentes et autres apitoiements. De plus, en tant que lecteur on est réellement bloqué dans un même lieu et à une même période de leurs vie pendant tout le livre. Vraiment décevant.
Le 3 présente un peu plus d'intérêts puisque l'auteure remet au cœur de l'intrigue les enjeux politiques, sociaux et culturels de l'époque, ainsi que l'envie de s'en sortir et la combativité de nos deux héroïnes dans des styles bien distincts. Mais pour moi ça s'essouffle pas mal du point de vue des personnages, on ne retrouve à aucun moment les personnalités hautes en couleur des uns et des autres, réduits bien souvent à un trait de caractère (la passive et la folle pour ce qui est d'Elena et Lila par exemple...). Il y a beaucoup de non-dits entre les deux femmes, c'est assez redondant, parfois un peu caricatural du féminisme. J'ai dû faire une pause car j'ai trouvé toute cette affaire trop oppressante sans grand résultat final.
Le 4e et dernier tome m'a réconciliée avec l'Amie prodigieuse. Les protagonistes portent bien la maturité, cela ramène de la profondeur aux réflexions. Sur le rythme également on retrouve le dynamisme du début. Il y a à mon sens un découpage judicieux par chapitre, et pour finir ce roman, une (presque douce) impression de boucler la boucle.
Dans l'ensemble plaisant donc, l'apport majeur de l'œuvre étant à mon avis cette écriture décomplexée au service de femmes qui elles ne peuvent aucunement l'être.