L'Énigme de Catilina par BaguetteSèche
Prétendu roman policier, L'énigme de Catalina n'en est absolument pas un. Alors certes on nous présente un Gordien dans le rôle du traditionnel enquêteur à la retraite, entraîné malgré lui dans deux sordides affaires de meurtre le tout accompagné d'une conspiration politique mais dans les faits on est face à un roman historique typique.
Le tableau: la République se meurt, divisée, d'un côté les Optimates constituée de la haute aristocratie romaine riche et puissante, accrochée à son pouvoir mais très fortement minoritaire, de l'autre les Populares regroupant femiers ruinés, aristocrates désargentés et petit peuple pris au piége de cette ploutocratie réclamant changements et réformes.
Ce conflit est symbolisé par l'opposition assez paradoxale entre Cicéron, consul romain en activité mais homme nouveau (c'est à dire sans ascendance notable) à la tête des Optimates et Catilina, candidat à la charge de consul, chef de file des Populares et patricien (la plus haute aristocratie, descendante des fondateurs de Rome eux-même).
Malheureusement si vous vous attendez à des rebondissements, du suspense et de l'action vous serez déçus, en effet le livre se déroule du point de vue de Gordien, certes l'homme est un peu embêté par des cadavres, des voisins odieux et ses relations politique, mais il ne quitte que rarement sa ferme et l'essentiel de l'action est rapporté par ses interlocuteurs. Cela aboutit à un rythme plutôt mou, en effet il ne se passe pour ainsi dire pas grand chose en 450 pages, malgré cela l'excellent découpage permet de garder le rythme, à condition d'y aller à petite dose.
Une fois cette dimension "policière" expédiée on a sous la main un très bon roman historique, c'est à dire instructif de part une reconstitution rigoureuse du mode de vie romain, de ses rites, de ses classes et de son système politique, bon quelques scènes de proto-romance gay font également irruption dans le récit (après tout l'auteur a un passif dans le domaine) mais sans trop de dommages.
Néanmoins la principale caractéristique du récit et de renverser totalement la vision traditionelle et manichéenne de la conjuration de Catilina en détruisant l'image du vertueux Cicéron face au pervers Catilina et on peut dire que ça marche très bien, avec néanmoins une tendance à rendre "trop" gentil ce dernier, toutefois après tout ce que celui ci a mangé dans la tronche en 2000 ans il méritait peut être bien que quelqu'un fasse de lui un portrait flatteur.
Me voici à la fin de ma critique et je dois dire que j'hésite toujours quand à la note, L'énigme de Catilina est un roman instructif, bien écrit, bien découpé mais un peu plat et sans saveur, un livre que j'ai aimé lire mais que j'aurais très vite oublié. Dans le même genre mieux vaut commencer par Impérium, plus haletant, et si le cadre vous plait, tournez vous vers ce roman.