"Nous sommes en 2015 après Jésus Christ. Toutes les séries sont produites par les américains... ...Toutes ?... Non ! Les comédies peuplées d'irréductibles français résistent encore et toujours à Hollywood !"
Si il y a un truc qu'arrive encore à faire le cinéma français, c'est nous faire marrer de temps en temps et c'est bien pour ça que j'ai signé lorsque j'ai lancé mon premier épisode de Au service de la France.
Il faut dire que la recette a été éprouvée par deux épisodes de OSS 117 hilarants et l'on pouvait avoir un peu confiance avec un de ses créateurs aux commandes.
Déjà il faut saluer le travail derrière cette reconstruction de l’esthétique des années 60, déchirée entre le vieux et le moderne rendue de manière convaincante, on sent le perfectionnisme de la photographie, aux accessoires en passant par la mode.
Un environnement dans lequel des acteurs évoluent de manière excellente, on se rend vite compte que l'on a affaire à de bons hommes de théâtre qui en disent autant par la voix que par le corps, chaque personnage est ciselé par le jeu et l'on reconnaît sans mal les inspirations historiques.
L'ensemble bien servi par une mise en scène juste et impeccable qui ajouté au mélange fait que ça se laisse regarder tout seul.
Malheureusement, si OSS 117 nous livrait des scènes hilarantes avec un Dujardin à son apogée, Au service de la France ne voit pas souvent la lumière venir, on pouffera parfois, on lâchera un sourire par moment, pas plus.
Pourtant ça n'est pas faute d'essayer, la série balance situations absurdes, clins d’œil et répliques grinçantes mais ne prend jamais le risque de se lâcher complétement. Bref on est face à une série qui se retient trop et la situation empire de plus en plus à chaque épisode en s'éloignant d'un registre comique vers celui davantage dramatique dans lequel elle est beaucoup beaucoup moins bonne (Kaamelott je pense à toi).
L'autre souci repose dans les personnages, comme je l'ai dit les acteurs sont très bons, seulement il y a un patent manque de matière et de justesse.
On y dépeint la génération de nos grand-parents et arrière grand-parents comme raciste moqueuse, mysogine bornée, alcoolique, arrogante, fêtarde, procédurière, orgueilleuse mais aussi incompétente, ignorante, fainéante, fourbe, superficielle, stupide, intéressée, etc...
Si cela sert la dimension comique au début, le souci est que l'histoire ne leur donne aucun moment de bravoure ou de sagesse pour se repentir.
Bref, "c'était pire avant"
C'est là toute la faiblesse de la série, qui tombe dans cet "esprit canal" sensé être irrévérencieux, qui n'est devenu avec le temps que l'incarnation du même genre de bigoterie mais contre-réactionnaire. Au final elle essaye trop de dénoncer au risque d'empêcher parfois de rire.
Malgré tout je recommande quand même d'y jeter un coup d’œil si vous avez le temps sur les 3 premiers épisodes.