Au service de la France, voilà un joli titre pour une oeuvre de salubrité créatrice dans un paysage audio-visuel en pleine déliquescence. Un bon scénario, de bons acteurs, des décors simples et imaginatifs (Alger, une merveille tintinalesque) , voilà le tour malicieusement joué. L'histoire est prise, retournée, outragée dans toutes les positions mais l'enfant au regard méchamment ironique ma foi se porte bien. A l'heure où la télévision nous invite à sa longue agonie de séries policières et justicières dont la seule vertu est de fournir quelques revenus à de vieux acteurs sans engagement, Au service de la France rappelle les promesses jamais tenues de créations originales. Une bonne révision de la politique française des cinquante dernières années : Algérie, France-Afrique, Guerre froide et fonction publique dont l'obsession des formulaires, coups de tampon, primes et pots ne sont pas sans rappeler Maupassant, Courteline ou Cohen pour l'obsession d'un Adrien Deume pour le passage de B en A. Une troupe d'acteurs (dans le sens théâtral) et non un casting d'individualités et un rythme soutenu, insouciant et léger, voilà ce devrait être notre quotidien télévisuel. Arte qui par ailleurs n'existe que par sa politique de rediffusion fait là amende honorable. Un exemple à suivre pour les chaînes de service publique consacrant budget colossal et temps interminable à filmer une avenue vide dans l'espérance du passage d'un bus presque aussi vide (de 13h à 19h le 15 juillet). Vive la France.