Troisième opus où l’on retrouve Thomas Ward, jeune apprenti de John Gregory, l’Epouvanteur du Comté, pour parfaire son apprentissage.
L’hiver arrivant, c’est du côté d’Anglezarke cette fois que se déplacent nos héros, dans la résidence d’hiver de l’Epouvanteur. L’occasion de découvrir d’avantage des secrets du vieux maître, mais aussi d’affiner encore le rôle de notre jeune apprenti qui devra à nouveau affronter moults péripéties. L’aventure est-elle toujours au RDV ?
Après un premier tome posant logiquement les bases et un second qui reprenait l’ensemble tout en agrémentant le tout d’une action plus conséquente, c’est avec une certaine confiance qu’on entame ce troisième épisodes des aventures du jeune Ward. Qui plus est, avec la mise en place de nouveaux lieux, on évite tout risque de redondance qui aurait pu s’installer en cadrant l’action à Chipenden. De plus, on découvre bien vite de nouveaux personnages venant prendre une place importante au sein du récit (Meg et Morgan), afin d’apporter une certaine nouveauté à l’ensemble.
Aussi, l’auteur poursuit son approfondissement du passé de M. Gregory, tel qu’il l’avait entamé au sein du tome 02. Pourtant, les révélations que l’on y découvre ne sont au final pas si exceptionnelles, se contentant grossièrement de nous apprendre que la vie sentimentale du vieux mentor fut assez mouvementée. La seule révélation assez osée
Morgan révélant que l’Epouvanteur n’est nul autre que son père
se voyant bien vite estompée. Au final, on aura d’avantage d’intérêt envers Thomas qui semble bien plus important qu’on ne pouvait le penser et sa mère, plus mystérieuse que jamais mais dont la nature véritable nous est enfin révélée. Bien que l’ensemble tend à se dessiner plus précisément en fin de récit, gageons que le prochain tome sera cette fois-ci la véritable découverte tant attendue.
La grande force du tome précédent tenait également en la menace du Fléau, qui incarnait là le véritable Mal. C’est ainsi que Golgoth se présente, dans une version hivernale cette fois ci... Au final, celui qui était annoncé comme la plus puissante force de l’obscur qui pouvait s’abattre sur le Comté n’aura guère d’utilisation. Sitôt invoqué, sitôt défait, comme s’il ne se suffisait pas à un arc scénaristique pour lui-même. Dommage, au regard de sa genèse, qui permettait de détailler la mythologie d’un univers qui reste encore assez succinct comparativement au reste de la littérature jeunesse fantastique.
Mais l’auteur a semble-t-il tenu à étoffer son histoire pour ce troisième livre, multipliant ainsi les adversaires. Si l’essai avait déjà pu être réalisé dans La Malédiction de l’Epouvanteur avec le Fléau et l’Inquisiteur, cette fois c’est entre Meg, Morgan et Golgoth qu’on naviguera. Le risque étant, comme dans toute oeuvre multipliant ses figures maléfiques, qu’aucun n’endosse réellement le rôle de réel opposant. Et si Morgan s’en tire un peu mieux, il n’atteint jamais la consistance d’un réel adversaire. Un certain regret donc, qui empêche le récit de vraiment assurer un affrontement palpitant.
Du côté des thèmes abordés, si bien sûr Thomas apparait toujours comme un jeune homme à l’esprit droit et sincère, on notera l’apparition de thèmes assez matures tel le deuil ou encore l’idée de dépassement de soi. Heureusement, Alice est toujours présente pour briser cet équilibre manichéen entre des personnages fondamentalement bon (Thomas) et d’autre résolument mauvais (Morgan) sans réelle raison.
Ainsi, le tome 3 des aventures de notre apprenti épouvanteur freine en quelque sorte la bonne progression qui avait pu se dessiner avec les deux tomes précédents. Pas mauvais pour autant, toujours plaisant et facile à lire, reste une aventure qui au final ne propose pas vraiment de réel affrontement et qui n’approfondit pas pour autant son univers. Le final suggère tout de même une avancée vers la progression de l’obscur, dont il tarde au lecteur de voir de quoi il retourne exactement. Réponse au tome suivant.