Frappé par un deuil douloureux et brutal, Kurt, jeune médecin allemand, décide d' accompagner son ami Hans dans un voyage humanitaire à destination des hôpitaux des Comores. Au milieu de nulle part, alors que la souffrance de Kurt ne lui semblait pas pouvoir être plus intense, le bateau des deux hommes tombe aux mains de pirates soudanais.

Le récit change donc de ton, et nous transporte de la douleur du mari en deuil, à l'errance de l'occidental perdu en terres africaines, transporté de refuges en refuges dans le désert. La violence est immédiate et injuste; le cuisinier philippain est jeté par dessus bord sans sommation, seule la valeur de marchandage comptera à présent.

A une époque où le nombre de kidnapping d'étrangers ne cesse de croître, où des négociations secrètes sont menés, où les manifestations se multiplient, qu'ils soient journalistes, humanitaires ou touristes, la vie des occidentaux en Afrique semble s'être dotée, avec la flambée des négociations et de la création de groupuscules terroristes, d'un potentiel nouveau.

Et pourtant, loin des clichés et des images d' Epinal, Yasmina Khadra embarque son lecteur dans une Afrique violente, en colère et pauvre, mais toujours à visage humain.

Kurt, le narrateur, rencontre dans son périple des personnages variés, et une à une sa conception du monde s'ébranle. Ses ravisseurs, loin d'être de grandes figures du banditisme, ne sont que des voyous, d'anciens artisans poussés à la délinquance et à la violence par la destruction ce qu'il possédait et par la mort des leurs. Pourtant l'abîme de l'incompréhension entre ces personnages de mondes opposés demeure un fossé infranchissable.

Dans cette faille de l'univers humain, où les bandits écrivent des poèmes, où les soldats prennent les armes contre leur pays, où l'on kidnappe aussi bien les industriels que les humanitaires, Kurt découvre un pays sans justice et sans fards. Les justes ne sont pas récompensés et les bandits ne sont pas punis. Car il n'existe dans le fond ni bons ni mauvais dans le désert et dans la guerre. Et une fois cette conception du monde mise à mal, c'est le « nu » de la réalité et de la vie que Kurt découvre.

Emma Breton
madamedub
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le 27 nov. 2011

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