Cet épisode fondateur mériterait une analyse plus détaillé mais bon voilà quelques éléments pour commencer.
Titre : L'étalon noir
Auteur : Walter Farley
Nationalité : USA
Année : 1941
Edition :
Ouvrage d'étude utilisé : Edition bibliothèque verte Hachette illustré par Jacques Brécard à couverture souple. Dépôt légal février 1997.
Source :
Articles Wikipédia consacré à W. Farley
Article Wikipédia consacré au cheval de course Seabiscuit
Éléments d’analyse :
Ecrit au début des années 40 l'épisode s'inspire dans son dénouement de l'authentique course opposant 2 chevaux américains durant les années 30 le champion de la cote est « War admiral » à celui de la cote ouest « Sea biscuit ». Chacun des chevaux représentant une partie des états unis. L'un des 2 chevaux, " Sea biscuit ", connaîtra une extraordinaire popularité au point de faire l'objet de livres et d’adaptations cinématographiques. Le film « La légende de Sea biscuit » des années 2000 à été nominé aux oscars.
L'histoire de " Sea Biscuit " inspire encore W. Farley lorsque qu'il met en scène le retour de l'étalon noir à la compétition, après avoir été arrêté, dans l'épisode " Le courage de l'étalon noir " la course à handicap final que remporte l’étalon noir ressemblant au Santa Anita handicap que remporte, à sa 4° participation, Seabiscuit et qui sera sa dernière course.
Un roman d’enfant trouvé.
La saga l’étalon noir semble se situer sur le registre psychologique du modèle de l’enfant trouvé.
Tout au long de la série les parents quoique présent occupe un rôle très effacé.
Le début du premier épisode montre le jeune Alec sur un bateau partant des Indes où il vient de passer deux mois.
L’Inde, sans être décrite longuement, apparaît comme un monde de féerie ou le désir s’exprime sans limite ni contrainte sous la conduite d’un substitut paternel choisi, l’oncle Ralph. D’emblée il apparaît que le jeune Alec regrette de quitter ce monde d’aventure pour rejoindre sa famille à New York. New York et l’univers familial apparaissent à l’opposé comme des lieux de contrainte où le jeune garçon va se trouver en butte aux contraintes imposé par son père biologique (et sa mère) par son obligation de poursuivre des études et de se trouver confronter à des espaces réglementé (comme en témoigne l’intervention d’un agent de police dès la première nuit).
D’emblée le personnage se réfère à travers le personnage de son oncle Ralph missionnaire en Inde, à une figure parentale de substitution.
Un cheval psychopompe reprise d’une fonction symbolique traditionnelle.
Tout au long de la saga, le cheval Black apparaît comme un franchisseur d’espace symbolique juché sur son dos le jeune Alec affronte plusieurs fois des épreuves qui s’assimilent autant à la mort qu’à la naissance.
- Dans l’épisode fondateur « L’étalon noir » c’est attaché à la longe de l’étalon que le jeune garçon s’échappe du navire qui sombre, traverse la mer et aborde sur une île. Passage par l’eau qui ressemble à une nouvelle naissance qui scelle une relation quasi fusionnelle entre le jeune héros et le cheval. Pacte qui s’illustre par la corde qui relie les deux êtres au point qu’il apparaît très difficile à plusieurs reprises de les séparer l’un de l’autre.
Le couteau et la clef.
P. 22-23 :
« A mesure que la côte approchait, il fit des efforts désespérés pour défaire le nœud de sa ceinture ; mais l’eau de mer et la longue tension de la corde rendaient la chose impossible. C’est alors qu’il se rappela le couteau donné par son oncle Ralph. L’avait-il encore ? Heureusement il l’avait mis dans la poche revolver de son pantalon, laquelle était boutonnée. Il y plongea la main et en retira le providentielle objet. Il était temps car le Géant Noir venait de sortir de l’eau et commençait à traîner Alec dans le sable ; le malheureux garçon en avait déjà plein la figure lorsqu’il réussit à ouvrir son couteau. Mais la corde était affreusement dure, et il lui fallut la scier. […] Enfin dans un dernier et frénétique effort, il réussit à trancher la longe. »
L’arrivé du jeune garçon dans l’île traîné par l’étalon noir marque l’entrée dans un nouvelle étape de sa vie après avoir faillit mourir et avoir été sauvé par l’étalon noir auquel il lie désormais son destin Alec invoque pour la dernière fois son oncle Ralph précédemment conçu comme un modèle indépassable.
P 23 :
« Et, fermant les yeux, il murmura :
‘’Oui, oncle Ralph, c’est rudement utile… un couteau !’’ »
Scène fondatrice qui marque d’emblée le fonctionnement de la série ou sans cesse l’intervention de figures paternelles préserve in extremis Alec d’une fusion mortelle avec l’étalon. Ainsi le dressage long et patient dressage de l’étalon noir par Alec sous les conseils d’Henry Dailey peut se lire comme l’apprentissage de la domination de ses pulsions.
L’installation de l’étalon noir dans l’écurie du domaine de Mme Dailey correspond à un premier détachement entre Alec et son cheval ayant trouver un compagnon en personne du vieux cheval gris Napoléon l’étalon accepte de rester à l’écurie hors de la présence d’Alec ce qui était impossible dans le bateau.
Dans le même temps des figures parentales se glissent dans la relation exclusive entre Alec et son cheval. Son père qui exige que Alec trouve une écurie pour garder le cheval. Le vieil entraîneur Henry Dailey qui dès leur première rencontre lui prodigue des conseils.
Le don de la clef de l’écurie à l’issue de l’installation de Black dans l’écurie crée une sorte de pacte entre Alec et Henry qui lui demande de désormais l’appeler par son prénom qui pose Henry comme figure paternelle prenant le relais de l’oncle Ralph.
Après le don du couteau qui a permis à Alec de rompre le lien fusionnel et mortifère avec Black la clef donnée par Henry à Alec permet d’envisager la mise en place d’une relation plus apaisée entre Alec et son cheval celui ci se trouvant désormais confiné dans un espace défini d'où Alec peut (grâce à la clef) partir et revenir.
P. 103 :
« Henry les accompagna jusqu’à la porte du domaine et remit à Alec la clef de l’écurie.
‘’ - Tu peux la garder, petit, dit-il. J’en ai une autre. J’ai idée que tu vas venir souvent ici, maintenant.
- Merci beaucoup, monsieur Dailey, répondit Alec. Je compte bien venir très souvent, si ça ne vous dérange pas.
- Pourquoi me dérangerais-tu ? C’est bien normal, et tu auras du travail pour tout remettre en état. Mais ne m’appelle pas M. Dailey. Pour toi, comme pour tout le monde, je suis Henry. Compris ?
- D’accord, Henry, et merci encore !’’ »
La première rencontre signe une sorte de pacte entre Alec Ramsey et Henry Dailey qui perdurera durant toute la saga et qui ne sera jamais rompu.