Cet essai est passionnant, malgré son titre un peu trop accrocheur à mon goût. Dans la gestion de ses services publics, l'Etat se montrerait en Tartuffe : il participe, au même titre que les autres, à l'élaboration de la réglementation européenne, qui a tendance à libéraliser les activités d'intérêt général. Et, comme honteusement, il n'en dit mot à son opinion publique, en déposant délicatement une chape de plombe ; puis, il joue les victimes, obligées de privatiser, en dénonçant une décision prise d'en-haut par Bruxelles.
Cela explique les retards récurrents de transposition des textes communautaires et d'adaptation des secteurs publics marchands, qui peuvent être assurés, au moins partiellement, et avec des garde-fous, c'est-à-dire des limites à ces tendances, par des personnes privées. En effet, le service public n'est pas une personne morale de droit public et une activité d'intérêt général.
Cette confusion est davamment entretenue, pour éviter de changer : les usagers ne seraient donc pas les seuls rétifs au changement. De plus, les grandes entreprises publiques gagente actuellement sur les deux tableaux, par un monopole en France et la participation aux secteurs concurrentiels, dans les mêmes types d'activités, dans les entreprises voisines.
Cet ouvrage est limpide, et démonte une série, insondable, d'idées reçues. Cette entreprise est d'autant plus méritoire de la part d'une éminente spécialiste, un Professeur de roitpublic, ancienne avocate d'Air France.
Ce livre permet de se forger une opinion sur la gestion des activités de service public, qu'on soit pro-européen ou souverainiste. Il ne peut, en aucun cas, laisser indfférent.