"L'une des composantes majeures de l'esprit capitaliste moderne, et pas seulement de ce dernier, mais aussi de la civilisation moderne, à savoir la conduite rationnelle de la vie fondée sur l'idée de métier, est issue de l'esprit de l'ascèse chrétienne. [...] L'idée que le travail professionnel moderne porte la marque de l'ascétisme n'est pas nouvelle. La restriction à un travail spécialisé et, ce qui va de pair, le renoncement à l'humanité encyclopédique de Faust, est dans le monde d'aujourd'hui la condition de toute activité valable, l'action et le renoncement sont à l'heure actuelle indissociables et se présupposent mutuellement : c'est ce motif ascétique fondamental du style de vie bourgeois [...]."
"La société féodale et monarchique protégeait ceux qui "voulaient se divertir" contre la morale bourgeoise naissante et le conventicule ascétique hostile aux autorités, tout comme la société capitaliste a coutume de protéger aujourd'hui ceux qui "veulent travailler" contre la morale de classe des ouvriers et le syndicat hostile aux autorités. [...] Pour le reste, les réserves des puritains contre le sport, y compris celles des quakers, n'en interdisaient pas la pratique. Il fallait seulement qu'il soit mis au service d'une fin rationnelle : la détente nécessaire à de bonnes performances physiques. Lorsqu'il n'était qu'un moyen de donner libre cours, en toute naïveté, à des pulsions incontrôlées, les puritains le tenaient en revanche pour suspect, et il était évidemment tout à fait condamnable lorsqu'il devenait un simple moyen de jouissance ou éveillait l'esprit de compétition, les bas instincts ou le désir irrationnel. La jouissance instinctive de la vie, qui détournait également du travail du métier et de la piété, était le premier adversaire de l'ascèse rationnelle, qu'il s'agisse du sport "aristocratique" ou de la fréquentation des bals et des tavernes par l'homme du commun."