Chez Nesbo, l'enquête devient de plus en plus secondaire et curieusement, cela ne me déplait pas. Harry Hole, son personnage principal bouffe la lumière à grande vitesse et son autodestruction programmée a quelque chose de fascinant.
Nous voici donc à nouveau à Oslo, pendant un été particulièrement chaud. Le thermomètre frise avec les 29 degrés (Nesbo n'ose pas parler des 30, cela doit rester crédible) et les Norvégiens sont à deux doigts du malaise vagal. Bon, cette partie m'a fait rire. Mais sinon tout le reste est bon, à quelques exceptions près. Le livre clôt une espèce de trilogie informelle qui a commencé avec le meurtre d'Ellen, sa collègue, et qui finit dans ce livre par l'ultime confrontation avec Tom Waaler, l'inspecteur principal ripoux alias Prinzen.
Les rebondissements deviennent un peu téléphonés et pour un lecteur attentif, une sorte de "méthode Nesbo" apparait. Le coupable n'est jamais le suspect immédiat. Celui qu'il faut soupçonner, c'est celui qui tient des propos légèrement vantards sur la manipulation ou la mise en scène dans le cadre de son boulot. Hybris quoi. Mais ce n'est pas désagréable et ne gâche pas trop le plaisir de lecture car la manière et le mobile sont tellement complexes qu'on se demande quand même comment l'auteur va s'en sortir.
Restent quelques tics d'écriture qui font vraiment trop artificiels : la description quasi systématique de tous les immeubles où l'histoire se déplace avec le nom de l'architecte, l'année de construction et les matériaux utilisés. J'ai bien compris qu'il y avait une métaphore filée sur tout le roman à propos de ce que l'on construit de soi-même, des apparences et du bois duquel on est fait. Mais l'anecdote avec le sang et le crin de cheval dans le mortier ne sert finalement qu'à faire monter l'horreur à peu de frais...
Mais ça reste un très bon Nesbo, à ne surtout pas lire sans avoir lu les deux précédents.