Il y a des pays qu’on n’a pas trop envie de connaître et encore moins de visiter, sans raison vraiment précise. La Corée du Nord est de ceux-là. On se doute que la vie n’y est pas rose et que les dirigeants font tout pour nous assurer du contraire. Mais je ne pensais pas que c’était à ce point…
Ce roman, qu’on a classé espionnage, abusivement à mon sens parce qu’il est tout autant thriller ou polar, s’articule autour de trois personnages qui illustrent chacun un côté (sombre) de la Corée du Nord :
Il y a Madame Moon qui nous emmène dans les marchés misérables où tout se vend et tout s’achète ( y inclus et à prix d’or les Choco Pies envoyés par ballons depuis la frontière chinoise) où il faut louvoyer entre les Brigades du maintien de l’Ordre promptes à donner du bâton et les Hirondelles Sauvages, des gamins loqueteux prêts à vous détrousser à tout moment sans compter le Bowibu, la police secrète nord-coréenne qu’il faut soudoyer pour obtenir un emplacement.
Il y a ensuite le lieutenant-colonel Cho, véritable produit de l’endoctrinement militaire, qui s’apprête à découvrir l’Occident dans le cadre de négociations bilatérales et qui comprend peu à peu que son pays est loin d’être le havre de bonheur vanté par le régime de Kim Jong-il (le père de Kim Jong-un, le bébé joufflu qui a fait croire à Trump qu’ils étaient copains).
Et vient ensuite Jenna Williams, maître-assistante à l’Université de Georgetown, Afro américaine par son père et coréenne par sa mère, bilingue, dont la thèse sur la Corée du Nord a été remarquée par la C.I.A qui lui propose d’intégrer ses rangs. Elle accepte d’autant plus rapidement qu’elle demeure convaincue que sa sœur jumelle, restée là-bas, est vivante.
Remarquablement documenté, ce livre joue à la fois sur sa trame narrative riche en rebondissements et en suspense digne des grands polars ou thrillers et tout autant sur l’étonnement du lecteur devant les absurdités, l’hypocrisie et les mensonges du régime ou tout simplement l’horreur de situations qui n’ont rien à envier aux temps obscurs du nazisme.
D’une écriture souple et fluide le récit se déroule sans à-coups créant une addiction certaine pour notre plus grand plaisir.
Et après cette lecture voilà bien un pays qu'on est certain de ne pas vouloir visiter...