Curieuse nouvelle, à forte base autobiographique (un écrivain alcoolique, séparé de sa femme et de ses enfants, qui a été en Espagne mais n'y est pas au moment où se passent les choses décisives, ayant vécu à Paris...) et constituée d'une grande part de dialogues, assez répétitifs.
Deux êtres qui veulent se persuader qu'ils sont heureux, filant droit devant eux sans réelle perspective, au delà du lendemain ou du prochain virage (ce en quoi ils ressemblent terriblement aux petits personnages du jeu cité dans le titre).
Le premier parce qu'il a déjà souvent fauté, parce qu'il sait que la bête est en lui et qu'il n'est pas fait pour le bonheur (cette errance dangereuse vers "l'étrange contrée" est une forme de cette recherche éperdue). La seconde parce que, (alors qu'elle pourrait presque être sa fille), poursuivant un rêve d'enfance qu'elle cherche désespérément à faire coïncider avec le présent.
En découlent ces longues phases d'auto-persuasions que la félicité et l'amour sont là, à portée de main. S'ils semblent parfois atteints, c'est tout à fait furtivement, sans réel espoir de pouvoir jamais devenir durable. Mais n'est-ce pas là la définition même du bonheur ?