Vous êtes sûrement nombreux à connaître L’étrange histoire de Benjamin Button en film mais connaissez-vous la version romancée de Francis Scott Fitzgerald ? Sortie en 1922 aux Etats-Unis, cette nouvelle n’a pas beaucoup fait parler d’elle et la majorité d’entre vous n’auront certainement retenu que le long-métrage qui « adapte » la nouvelle. Enfin, profitant d’un voyage en train, c’était l’occasion de découvrir cette histoire sans avoir d’attente particulière. Version traduite par Malika Baaziz et Audrey Fournier, que vaut cette histoire ? Et bien, cette version roman n’est pas trop mal en soi mais on comprend aussi facilement pourquoi l’adaptation cinématographique a pris une direction très différente du roman.
Évidemment, cette critique ne sera pas une comparaison au film mais sur la nouvelle en elle-même.
Positif
- Benjamin Button est un garçon qui naît en étant un vieil homme et va vivre sa vie en rajeunissant petit à petit, il va vivre sa vie à l’envers des autres personnes tout en se faisant rejeter par tous. C’est un protagoniste intéressant de part ce qu’il est mais également de part son parcours qui va être plus difficile vu qu’il ne pourra (ou ne pourra plus) faire ce qu’il voulait faire à la base à cause de sa nature qui fait que les autres le rejettent. On arrive même à avoir de la peine pour lui et à espérer qu’il va rebondir.
- La nouvelle démarre avec le père de Benjamin qui souhaite avoir un fils et s’impatiente en demandant des nouvelles de celui-ci alors que tout le corps médical semble ne plus vouloir affaire avec lui. En arrivant près de Benjamin, il constate que celui-ci est vieux et se demande si il n’y a pas erreur. C’est une introduction efficace pour nous donner envie d’en voir plus sur la suite de l’histoire et comprendre pourquoi Benjamin est ainsi (si il y a une explication).
- La structure narrative de la nouvelle est intéressante. On suit Benjamin a un âge précis de sa vie pour chaque chapitre, et c’est une bonne manière de structurer la nouvelle. Cela permet de s’y retrouver facilement en le suivant au fur et à mesure de sa vie. En plus, la nouvelle est racontée du point de vue de l’auteur, comme si il avait vu tout ce que Benjamin a traversé.
- Mine de rien, la nouvelle ne fait que 57 pages mais elle arrive à être tellement intéressante qu’elle donne envie de la continuer jusqu’à la fin. En fait, vous arriverez sûrement à le lire d’une traite en un peu plus d’une heure mais l’investissement est réel et fonctionne bien dès qu’on commence le premier chapitre.
- En terme de symbolisme, c’est surtout par rapport à Benjamin qui représente du dégoût et du mépris de la part de tous les autres, alors qu’il est juste différent de tous. Oui, il rajeunit au lieu de vieillir mais il est tel qu’il est et ça n’empêche pas de s’attacher à lui quand on apprend à le connaître.
- On pourrait y voir quelques messages à travers cette nouvelle, de ne pas juger les gens sur leurs apparences, d’apprendre à les accepter et les apprécier tels qu’ils sont… Les messages sont assez évidents quand on y fait attention et ils sont bons à retenir.
- On arrive à être surpris par ce que Benjamin va traverser. Au fur et à mesure de la lecture, on arrive à se faire surprendre par ce qu’il va traverser et par les personnes qu’il va rencontrer.
- Une fin un petit peu triste pour Benjamin mais cohérente. C’est le seul moment un petit peu émotionnel de cette nouvelle mais c’est une bonne manière de conclure le roman.
Négatif
- En dehors de Benjamin, et un peu de son père, le reste des personnages sont inintéressants. Ils ne sont là que pour accepter Benjamin tel qu’il est et lui reprocher qu’il rajeunisse alors que eux vieillissent, rien de plus. Ce qui fait que sa femme Hildegard et son fils Roscoe s’oublient très rapidement et n’apportent pas grand-chose à l’histoire.
- Même si Benjamin Button est déjà vieux à la naissance, comment ça se fait qu’il naît en sachant déjà parler et marcher avec une canne ? N’est-il pas censé être de petite taille comme chaque bébé à la naissance ? C’est un détail et ce n’est pas une histoire réaliste mais il faut garder un brin de vraisemblance malgré tout.
- La nouvelle a très peu d’intérêt en vérité. Non pas que ce n’est pas intéressant de suivre un personnage naissant vieux et rajeunissant mais, en dehors de ça, il ne se passe pas grand-chose. Donc, on arrive à lire d’une traite dans l’espoir qu’il se passe quelque chose d’intéressant mais ce n’est pas vraiment le cas.
- Y a t-il une réelle évolution de personnage ici ? Malheureusement non. En dehors du père de Benjamin qui est le seul à finir par l’accepter tel qu’il est, il n’y a d’évolution de la part de personne, même pas de la part de Benjamin Button.
- En terme d’émotion, seule la fin fait un petit quelque chose, sinon, aucun moment n‘est réellement impactant ou touchant. Dommage mais c’est tout de même bien essayé.
- La tension ne se veut pas très efficace. On ne ressent jamais de réelle tension ou inquiétude pour tel ou tel personnage, ce qui est un peu regrettable.
Au final, L’étrange histoire de Benjamin Button est une nouvelle intéressante qui saura vous donner envie de le lire d’une traite avec un certain intérêt mais dont la fin vous laissera un peu perplexe. Malgré une bonne histoire avec un protagoniste attachant et intriguant par rapport à ce qu’il traverse et une structure narrative bien gérée, cela ne nous fait pas oublier le peu d’émotion à ressentir, les personnages secondaires un peu oubliables et le manque d’évolution des personnages (y compris de Benjamin). Donc, on a tout de même une lecture intéressante qui vaut le détour mais il est possible que la fin vous fasse réfléchir et, à froid, vous laisse un petit peu perplexe. Mais bon, malgré ça, ça reste une bonne nouvelle à lire pour passer un peu le temps.