Comment un petit garçon bien vivant peut-il être élevé par des fantômes et pourquoi ce même enfant est-il recherché par l'assassin de ses parents? Ce sont les deux questions qui constituent les fils directeurs du livre. Outre cette « intrigue intrigante », le roman bénéficie d'une atmosphère très singulière, à la fois sombre et poétique. « The Graveyard book » - titre original du livre- a pour cadre un vieux cimetière, avec ses statues gothiques, sa crypte et sa population de spectres. Il y a d'abord Dame Owens et son époux qui, bien que morts depuis 250 ans, décident d'adopter le petit Nobody. On y croise également Liza la sorcière brûlée vive, le mystérieux Silas ni mort ni vivant, mais aussi des loups-garous et des goules. Ce roman fait penser par certains aspects à Harry Potter (enfant élu, univers surnaturel...), mais si Harry doit s'initier au monde de la magie, pour Nobody c'est plutôt l'inverse: l'au-delà est son foyer. Ignorant tout du monde des vivants, il le découvrira progressivement, avec ses dangers et ses attraits au terme d'un processus d'apprentissage. Je vous recommande vraiment ce roman, d'une lecture aisée et agréable, plein d'imagination et de tendresse.
EXTRAIT
" Une affaire comme celle d'Abanazer Bolger avait beau attirer des gens bizarres, l'enfant qui entra ce matin-là était l'un des plus étranges qu'il eût jamais vus de toute sa vie, pourtant passée à dévaliser des gens bzarres. On lui donnait sept ans environ et il semblait vêtu des hardes de son grand-père. Il sentait l'étable. Il avait les cheveux longs et mal peignés et le visage d'une gravité extrême. Ses mains étaient enfoncées dans les poches d'une veste marron poussiéreuse, mais sans même les voir Abanazer sut que la droite serrait quelque chose avec une force extrême, protectrice.
- Excusez-moi, dit le garçon.
- Bonjour, bonjour mon petit bonhomme, fit Abanazer Bolger avec méfiance.
Les gosses, pensa-t-il. Soit ils ont chapardé quelque chose, soit ils essaient de vendre leurs jouets. (...)
- J'ai besoin de quelque chose pour une amie, dit l'enfant. Et j'ai pensé que vous pourriez m'acheter ce que j'ai.
- Je n'achète pas à des mioches le rembarra Abanazer Bolger.
Bod sortit la main de sa poche et posa la broche sur le comptoir malpropre. Bolger y jeta un oeil, puis il la regarda. (...)
- Où as-tu trouvé ça? Demanda-t-il?
- Vous voulez bien me l'acheter?
- Tu l'as volée, tu l'as chipée dans un musée ou ailleurs, pas vrai?
- Non, protesta fermement Bod. Vous l'achetez ou faut-il que j'aille trouver quelqu'un d'autre?(...) Il me faut de quoi acheter une pierre, expliqua-t-il, une pierre tombale pour une amie. "